La prison américaine de Guantanamo (Cuba), en 2013. | Charles Dharapak / AP

C’est le transfert le plus important de l’administration Obama : quinze détenus de la prison militaire de Guantanamo ont été envoyés aux Emirats arabes unis (EAU), a annoncé lundi 15 août le Pentagone. Dans un communiqué, le ministère de la défense américain salue la décision d’Abou Dabi :

« Les Etats-Unis sont reconnaissants au gouvernement des Emirats arabes unis pour son geste humanitaire et sa volonté de soutenir les efforts en cours des Etats-Unis pour fermer le centre de détention de Guantanamo. »

Selon un responsable du département d’Etat, douze des hommes concernés par ce transfert sont Yéménites et trois sont Afghans. Washington avait des difficultés à trouver un pays tiers acceptant d’accueillir les premiers, qui ne peuvent pas être pris en charge dans leur pays à cause de la guerre civile en cours depuis 2015.

Après avoir été transférés, les anciens détenus de Guantanamo sont en général remis en liberté sous conditions de dispositifs de supervision et de suivi de programmes de réinsertion.

Le centre de détention, situé dans une enclave américaine à la pointe sud-est de Cuba, a été mis en place après les attentats du 11-Septembre pour y regrouper les prisonniers de la « guerre contre le terrorisme » du président George W. Bush. Barack Obama s’était engagé, en janvier 2009, à fermer ce camp contesté.

Les libérations se sont accélérées ces derniers temps, le locataire de la Maison blanche souhaitant tenir sa promesse, même avec sept ans de retard. Avec le départ des quinze détenus, il reste désormais 61 prisonniers, contre 242 quand le démocrate est arrivé au pouvoir.

780 prisonniers depuis l’ouverture en 2001

« [L’annonce de ce transfert] contredit nettement l’idée que Guantanamo sera ouverte pour toujours », s’est réjoui auprès de l’Agence France-Presse Naureen Shah, directrice du département chargé de la sécurité et des droits de l’homme au sein d’Amnesty International USA.

La fermeture définitive paraît cependant impossible avant la fin du mandat de Barack Obama en janvier 2017, faute de trouver un endroit aux Etats-Unis où transférer la cinquantaine de prisonniers non libérables. Les élus républicains, majoritaires au Congrès, bloquent en effet toute initiative. Ces détenus ne peuvent pas non plus être jugés par un tribunal classique, certains ayant été torturés ou arrêtés dans des circonstances illégales aux yeux de la loi américaine.

Guantanamo a accueilli au total 780 prisonniers depuis son ouverture, peu après l’invasion de l’Afghanistan en octobre 2001. Elle devait abriter « les pires parmi les pires », selon les mots du vice-président de George W. Bush, Dick Cheney. Il s’est avéré que de nombreux seconds couteaux, voire des personnes n’ayant commis aucun crime mais s’étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, se sont retrouvés bloqués dans ses murs.

Cette prison est devenue très rapidement un puissant symbole antiaméricain et un argument politique contre l’administration Obama.