Sur la plage de Sisco, en Haute-Corse, le 14 août. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Cinq personnes ont été placées en garde à vue pour « violences en réunion » quatre jours après la rixe sur la plage de Sisco, en Haute-Corse, qui a fait cinq blessés samedi soir, a annoncé mercredi 17 août le parquet. Trois personnes sont des Corses d’origine maghrébine et les deux autres gardés à vue sont des habitants du village de Sisco, a précisé le procureur de la République, Nicolas Bessone.

Deux personnes ont été interpellées chez elles à Furiani, une commune au sud de Bastia, et la troisième, qui se savait recherchée, s’est présentée d’elle-même à la gendarmerie. Les deux habitants de Sisco se sont également présentés d’eux-mêmes à la gendarmerie où ils avaient été convoqués, selon le procureur.

« Un différend a éclaté entre les membres de trois familles, d’origine maghrébine, et des jeunes de la région de Sisco qui ont reçu le renfort de proches », avait indiqué dimanche le parquet de Bastia dans un communiqué. L’élément déclencheur de la rixe demeurait flou mercredi en raison des témoignages et accusations contradictoires.

Certains témoins ont évoqué un différend né de la prise de photo par des touristes de femmes musulmanes se baignant habillées dans la crique. Alors qu’un adolescent immortalisait lui-même la scène avec son téléphone portable, l’un des hommes d’origine maghrébine l’aurait pris à partie à son tour avant de lui asséner, toujours selon les premiers témoignages, un coup au visage.

Paniqués, les jeunes gens appellent à la rescousse leurs parents, qui ne tardent pas à accourir accompagnés d’une quarantaine d’habitants du village. L’un d’eux reçoit deux coups de flèche de harpon dans le bassin en tentant de protéger son fils, également blessé. L’un des adultes d’origine maghrébine est molesté puis précipité sur le bas-côté de la route. Un autre est frappé. Tous deux seront finalement évacués vers le centre hospitalier de Bastia, où sont aussi transportés le père et le fils blessés. Cent policiers et gendarmes étaient intervenus pour mettre fin à la rixe, selon le ministère de l’intérieur.

Les arrêtés anti-burkini se multiplient

Bien que la présence de femmes en burkini sur une plage de Sisco soit contestée par les familles d’origine maghrébine impliquées dans la rixe, des maires, dont celui de la commune corse, ont pris des arrêtés anti-burkini.

Après Cannes, plusieurs communes ont interdit ou annoncé leur intention d’interdire le port de cette tenue de bain couvrant le corps. A Cannes, depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté anti-burkini le 28 juillet, dix femmes ont été contrôlées, a affirmé une porte-parole de la mairie. La plupart ont fait le choix de quitter d’elles-mêmes la plage mais trois autres, qui ont refusé de retirer leur burkini, ont dû s’acquitter d’une amende de 38 euros.

Après avoir été débouté par le tribunal administratif de Nice, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a fait appel devant le Conseil d’Etat sur la légalité de l’arrêté de Cannes, qu’il juge illégal et discriminatoire.