Patrick Hickey, à Bakou (Azerbaïdjan) lors des premiers Jeux européens, en 2015. | JACK GUEZ / AFP

Il a d’abord tenté de se cacher, a demandé à son épouse de mentir, puis a fait un malaise. L’Irlandais Patrick Hickey, ancien judoka, devenu président du comité olympique de son pays mais aussi du Comité olympique européen, a été ramené en ambulance pour des examens de santé après avoir été cueilli mercredi 17 août au petit matin par la police brésilienne. Il était un peu plus de 6 heures quand les forces de l’ordre, dotées d’un mandat d’arrêt, ont débarqué dans son hôtel à Rio de Janeiro, dans le quartier de Barra da Tijuca.

Le septuagénaire est accusé d’avoir participé à une organisation de ventes illégales de billets pour les Jeux olympiques de Rio. Des places cédées à des prix délirants par la société britannique THG, non accréditée pour ce commerce, que lui aurait repassées l’entreprise irlandaise Pro 10, dûment accréditée. Sur les tickets figurait bien souvent le label du Comité olympique irlandais. « THG maquillait la vente de billet en offrant un “package” [hôtel, dîners…], seulement les prix des entrées étaient trente fois supérieurs à leur valeur », a expliqué Ricardo Barbosa, l’un des coordinateurs de l’opération au sein de la police civile de Rio. Selon les autorités, les prix des billets de la cérémonie d’ouverture des JO auraient atteint jusqu’à 8 000 dollars (7 100 euros) l’unité.

Le CIO en gestion de crise

Membre du comité exécutif du Comité international olympique (CIO), président du comité olympique européen, « Pat » Hickey s’est réfugié dans la chambre voisine de la sienne quand les policiers ont débarqué mercredi. Sa femme aurait alors expliqué aux forces de l’ordre interdites que M. Hickey était rentré en Irlande le dimanche précédant, avant que ce dernier ne soit appréhendé en robe de chambre. Victime d’une attaque cardiaque il y a six mois, l’homme a été conduit « par précaution » à l’hôpital Samaritano après son arrestation. Après ses examens de santé, il sera entendu par les policiers pour une déposition.

« Nous travaillons à établir les faits », s’est contenté de commenter mercredi le CIO, qui espérait en avoir fini avec les scandales de corruption depuis celui autour des Jeux de Salt Lake City de 2002, qui avait entraîné l’exclusion d’une dizaine de ses membres. Le Comité olympique irlandais a de son côté précisé dans un communiqué que M. Hickey avait démissionné de « la présidence du Comité olympique irlandais, de sa fonction de membre du CIO, de la présidence des comités olympiques européens et de la vice-présidence de l’Association des comités olympiques ».

D’autres cadres de l’entreprise fugitifs

Porte-parole du CIO, Mark Adams a demandé le respect de la présomption d’innocence de M. Hickey mercredi. Grand nom du monde du sport, l’Irlandais n’est pas seul à être inquiété par le scandale de la « mafia des tickets ». La police tente de mettre la main sur plusieurs cadres de l’entreprise Pro 10, hors du territoire brésilien, considérés à ce jour comme fugitifs.

Chaque pays dispose d’une société accréditée pour la vente de tickets des épreuves et cérémonies olympiques. Selon Aloysio Falcao, responsable de l’opération au sein de la police brésilienne, cité par Agencia Brasil, la société THG, accréditée pour la vente de billets lors des Jeux de Londres et de Sotchi, ont été désignées pour remplir cette fonction par le comité irlandais. N’ayant pas été acceptée par le CIO, une autre entreprise Pro 10 aurait été constituée, avec la recommandation du comité irlandais.

Le 5 août, la police brésilienne a arrêté Kevin James Mallon, l’un des directeurs de THG, et Barbara Carnieri. Lors de l’opération, plus de 800 tickets ont été saisis. Les bénéfices illicites de THG s’élèveraient à quelque 10 millions de reais (2,8 millions d’euros).

En 2014, déjà, James Sinton, directeur général de THG, a été arrêté pour un trafic similaire lors de la Coupe du monde de football, organisée au Brésil.