Documentaire sur Planète+ à 20 h 55

LES RAISINS DE LA GUERRE
Durée : 01:41

A l’instar des musées, les vignobles français furent l’objet d’un vol massif de la part des Allemands.

Hitler n’appréciait pas l’alcool, mais Göring était grand amateur de vin, de cognac et de champagne, avec, paraît-il, une obsession pour le prestigieux Mouton-Rothschild. Mais au-delà de l’intérêt porté aux grands crus par l’un des principaux dirigeants du IIIe Reich, ce solide documentaire dresse l’histoire d’un pillage à grande échelle effectué entre 1940 et 1944 : celui du ­vignoble français.

Pendant l’Occupation, des dizaines de millions de bouteilles ont été volées ou expédiées outre-Rhin. Ces prises de guerre permirent de remplir les caves des dignitaires nazis avec les meilleurs crus, d’abreuver les troupes et la population allemande avec les moins bons, et de faire beaucoup d’argent avec un système perfectionné qui a également permis d’enrichir certains négociants français.

Sabotages de vignes

Produit aussi symbolique que stratégique, le vin devint une arme de guerre pour l’économie du Reich. Qu’il s’agisse du vignoble alsacien, bordelais, champenois ou des grands crus de Bourgogne, aucun n’est alors à l’abri de la convoitise des troupes d’occupation. Les Allemands réquisitionnent tout, occupent les prestigieux châteaux, mettent en place un système de pillage avec la nomination, dans chaque grande région viticole, de négociants allemands en uniforme, habitués à commercer avec les Français et dont la parfaite connaissance des vignobles est une arme redoutable. Surnommés les « Wein Führer », ces hommes vont notamment acheter, à leurs conditions, de grands vins qu’ils revendront avec un énorme profit sur le marché international.

Un soldat allemand s’est « réservé » quelques bonnes bouteilles.. | Sunset Presse / Sunset Presse

Face à ce pillage, certains collaborent, d’autres tentent de résister en cachant de précieuses bouteilles ou en sabotant des vignes. Ce documentaire retrace le parcours de plusieurs personnalités de l’époque, comme Louis Eschenauer, surnommé un temps « le roi de Bordeaux », qui n’hésita pas à collaborer ouvertement. Ce qui ne fut pas le cas de célèbres familles qui réussirent à cacher des grands crus… ainsi que des aviateurs britanniques, des juifs et des résistants. Si 1939 a été un très mauvais cru, 1945 se révèle une année exceptionnelle, même si sa production est limitée. Ce qui confirme la vieille croyance des viticulteurs français, convaincus que la guerre et le vin entretiennent des relations particulières.

Autrement dit : le millésime est toujours mauvais lorsque la guerre éclate et souvent excellent quand elle se termine.

Les Raisins de la guerre, d’Emmanuel Amara (Fr., 2015, 85 min). Le jeudi 18 août à 20 h 55 sur Planète+.