Manuel Valls à Montluçon, le 11 août 2016. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

Dans un entretien à paraître le mercredi 17 août dans le quotidien marseillais La Provence, Manuel Valls annonce « comprendre » et « soutenir » les maires ayant pris des arrêtés pour interdire le port du burkini, « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République », tout en refusant de légiférer en la matière.

« Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public », indique-t-il. Avant d’insister :

« Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique. »

Cette mise au point intervient en pleine polémique, alors que quelques mairies côtières de France, de Corse jusqu’au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire ce type de tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes. Ces arrêtés ont parfois été pris de manière « préventive ».

« Contre-société »

« Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses. Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme », explique le premier ministre, qui juge toutefois que le législateur n’a pas à intervenir en la matière.

« Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public – nous le rappellerons, avec le ministre de l’Intérieur, aux préfets et aux forces de sécurité. Les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation. »

Selon le premier ministre, derrière le « burkini », « il y a l’idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre ».

Manuel Valls lance également un appel au calme, et s’adresse aux musulmans, en demandant « à leurs autorités, à leurs familles, dans leurs engagements personnel, professionnel, social, de dire qu’ils rejettent cette vision mortifère de l’islam », rappelant l’expulsion récente de 82 imams prêcheurs de haine.

« Tous ceux qui prônent des discours n’ayant rien à voir avec nos valeurs doivent être poursuivis. Il ne faut passer aucun compromis avec ceux qui mettent en cause le modèle républicain. Nous avons aussi besoin d’imams parlant français, formés à nos valeurs. »