Un mois, c’est le délai qu’ont huit présentatrices de l’Union de la radio et de la télévision égyptienne (ERTU) pour perdre du poids. Suspendues le 13 août sur une décision directe de la directrice de la télévision d’Etat, Safaa Hegazy, les journalistes sont forcées de suivre un régime amincissant pour afficher « une apparence appropriée » à l’écran, rapporte le site Al-Yawm al-Sabi (en arabe).

Khadija Khattab, en poste à la deuxième chaîne du service public, a demandé sans détour aux téléspectateurs de juger eux-mêmes si elle est effectivement « grosse » et si son interdiction de travailler est méritée. La journaliste en sursis a appelé à consulter, sur sa page Youtube, les vidéos de ses récentes apparitions à la télévision égyptienne.

Violation de la Constitution

Interviewée par Al-Yawm al-Sabi, Khadija Khattab affirme ne pas avoir reçu formellement l’ordre de maigrir, mais évoque des possibles « mesures » prises à l’encontre des huit présentatrices si elles ne parviennent pas à perdre du poids. Toutes continueront par ailleurs à toucher leur salaire durant la suspension provisoire.

الاعلاميه خديجه خطاب وإطلاله عن أختفاء النخبه ومركزية الثقافه والفنون 20 -5 -2016
Durée : 31:18
Images : Khadija Khattab, présentatrice de la Chaîne 2 du service public égyptien, le 20 mai 2016.

La décision, qui plus est prise par une femme, suscite de nombreuses réactions dans le pays. Le Centre d’orientation et de sensibilisation juridique pour les femmes (WCGLA), une ONG égyptienne pour la défense des femmes, a condamné l’annonce, estimant qu’elle « viole la Constitution » et représente une forme de violence contre les femmes.

Le journaliste et député égyptien Sayyid Hegazy s’est également insurgé contre la suspension. « Qui a le poids idéal en Egypte ? Une présentatrice peut être en surpoids et éloquente tout de même », a-t-il déclaré sur le site d’information Sada al-Balad (en arabe).

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont exprimé leur soutien aux présentatrices suspendues. D’autres, en revanche, n’ont pas manqué de traiter les journalistes égyptiennes de « bakabozas », un terme péjoratif signifiant « les grosses » en dialecte égyptien.