Après le passage de Blue Cut Fire en Californie le 17 août. | ROBYN BECK / AFP

Editorial. L’état d’urgence a été déclaré en Californie, où de gigantesques brasiers, attisés par cinq années d’une sécheresse exceptionnelle, ont forcé les autorités à évacuer plus de 80 000 personnes. En Louisiane, où le président Barack Obama a décrété l’état de catastrophe naturelle, au moins onze personnes sont mortes et plus de 20 000 ont dû être secourues, en raison de pluies torrentielles et d’inondations sans précédent. S’il en était encore besoin, ces désastres illustrent, dramatiquement, la réalité des dérèglements du climat, annonciateurs de crises encore plus sévères dans les décennies à venir.

Tous les indicateurs sont au rouge. Début août, l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA) a confirmé que 2015 avait été l’année la plus chaude de l’histoire moderne, surpassant de 0,1 °C le record de 2014. Les températures à la surface de la Terre ont excédé de plus de 1 °C la moyenne des relevés établis depuis le début de l’ère industrielle. Et cette surchauffe ne se dément pas. Tour à tour, l’Agence spatiale américaine (NASA) et la NOAA viennent d’annoncer que le mois de juillet a lui aussi battu des records de chaleur. Il s’agit du quinzième mois le plus chaud d’affilée. L’année 2016 pourrait ainsi égaler, sinon surpasser 2015.

Un responsable : l’homme

Cette poussée de fièvre, qui touche la presque totalité du globe, s’accompagne de multiples bouleversements eux aussi sans équivoque : montée du niveau des mers, plus haut de 70 mm qu’il ne l’était en 1993 ; fonte accélérée des calottes polaires et des glaciers ; multiplication des cyclones tropicaux…

Le responsable de ces désordres est connu : c’est l’homme, dont les émissions de gaz à effet de serre – issus principalement de la combustion de ressources fos­siles, charbon, pétrole et gaz – ont battu elles aussi des records en 2015. Pour la première fois, la concentration annuelle moyenne de CO2 dans l’atmosphère, mesurée à la station de Mauna Loa (Hawaï), a franchi le cap symbolique de 400 parties par million (ppm).

A ce jour, 22 Etats seulement ont ratifié l’accord de Paris sur le climat, qui pèsent pour à peine plus de 1 % des émissions anthropiques

Voilà huit mois, lors de la conférence sur le climat de Paris (COP21), 195 pays ont adopté un accord, salué à juste titre comme historique. Il vise à contenir la hausse de la température « bien en deçà de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et, si possible, de la limiter à 1,5 °C. Les incendies et les inondations qui frappent aujourd’hui les Etats-Unis, comme les sécheresses qui affectent de façon récurrente l’Afrique ou les déluges qui s’abattent sur le continent asiatique, ne peuvent que rappeler la communauté internationale à son obligation de traduire ce consensus en actes.

On en est encore loin. A ce stade, les engagements pris par les gouvernements pour réduire leurs rejets carbonés rendent hors de portée l’objectif de conserver une planète tempérée. Ils devront être revus à la hausse, ainsi que le prévoit l’accord de ­Paris. D’ici là, il convient aussi que cet accord entre en vigueur au plus vite, ce qui exige sa ratification par au moins 55 pays totalisant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A ce jour, 22 Etats seulement l’ont ratifié, qui pèsent pour à peine plus de 1 % des émissions anthropiques. Et l’Europe, qui se présente volontiers en championne de la lutte contre le réchauffement, affiche sa division face à cette échéance, faute de s’accorder sur la répartition de l’effort. Pas plus que le réchauffement ne connaît de trêve, l’urgence climatique ne peut connaître de répit.

Californie : les feux de forêt peinent à être maîtrisés
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