A Elazig, le 18 août. L’engin explosif visait un commissariat de police. | ILYAS AKENGIN / AFP

Après quelques semaines de calme relatif lié au putsch manqué en Turquie, la guérilla kurde a lancé une nouvelle campagne d’attentats meurtriers qui touchent, pour la première fois, des régions où la population n’est pas majoritairement kurde.

En quelques heures, entre mercredi 17 et jeudi 18 août, trois attaques imputées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont fait au moins 12 morts et plus de 200 blessés dans l’est et le sud-est du pays.

Au moins trois policiers ont été tués et 146 autres personnes blessées, dont 14 grièvement, jeudi dans un attentat à la voiture piégée survenu à Elazig (est), un bastion conservateur et nationaliste turc jusqu’à présent épargné des ravages du conflit kurde, a déclaré le gouvernorat d’Elazig.

Dégâts considérables

L’attaque, attribuée au PKK par le ministre de la défense, Fikri Isik, a visé le siège de la police de cette province non kurde de l’est de la Turquie. Elle a provoqué des dégâts considérables dans le bâtiment de quatre étages et les immeubles avoisinants, selon les chaînes de télévision.

Quelques heures plus tard un convoi militaire a été visé à Bitlis (sud-est) par des rebelles du PKK qui ont fait exploser un engin à son passage, tuant trois soldats et un « gardien de village », organisation paramilitaire kurde anti-PKK. Sept soldats ont été blessés, a rapporté l’agence progouvernementale Anatolie. Dans la nuit de mercredi à jeudi, trois personnes, deux civils et un policier, avaient été tuées et 73 blessées à Van (est) dans un attentat à la voiture piégée également attribué au PKK. Lundi dernier, c’était cinq policiers et trois civils qui avaient été tués par un attentat à la voiture piégée du PKK contre un poste de police sur l’autoroute de Van.

Intensification des violences contre la police

Les forces de sécurité subissent des attaques quasi quotidiennes du PKK depuis qu’un cessez-le-feu entre les rebelles kurdes et les forces gouvernementales a pris fin en 2015. Au début du mois, le commandant du PKK, Cemil Bayik, avait menacé d’intensifier encore les attaques contre la police « dans toutes les villes de Turquie » et non pas seulement dans le sud-est à majorité kurde, théâtre habituel des violences.

Dans le contexte actuel, certaines sources proches du gouvernement estiment qu’il s’agit de profiter de la déstabilisation liée au coup d’Etat raté du 15 juillet dernier. L’insurrection d’une partie de l’armée avait ébranlé quelques heures le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan.

Dans la foulée de la purge lancée par les autorités turques contre les sympathisants de l’ex-imam Fethullah Gülen, accusé d’être l’instigateur du putsch avorté, des milliers de policiers et de soldats ont été limogés ou placés en détention, faisant craindre un affaiblissement des moyens de l’Etat pour combattre le PKK.