« Des femmes jeunes, dénudées, fumant des cigarettes. Où sont leurs tuteurs ? », s’interroge un imam populaire marocain. Dans un long message publié sur sa page Facebook, le réciteur et imam Omar Al-Kzabri a fustigé le comportement « obscène » des jeunes Marocains.

« Regardez nos rues. Cela brise le cœur de voir la situation dans laquelle nous nous trouvons, la nudité obscène, l’étrange audace contre les commandements de Dieu, un défi et un outrage à la population », accuse l’imam de la mosquée Hassan II de Casablanca, la plus grande mosquée du pays, qui rassemble régulièrement pour les soirées du ramadan des centaines de milliers de fidèles.

« La nudité n’est plus affaire de saison, elle est étalée sous nos yeux, hiver comme été », estime l’imam Kzabri, suivi par plus de 140 000 utilisateurs Facebook. « Des filles dénudées, des garçons perdus, tombés dans les filets de la séduction. Ils sont tous victimes d’un complot contre cette nation, un complot dont les responsables ont voulu tuer la pudeur, les valeurs, les principes»

Le religieux a également vitupéré les « bandits de grand chemin qui sèment la confusion », et qui « combattent les défenseurs de la pudeur », les accusant de ne pas « respecter la liberté de celle qui a choisi le voile ou le niqab ».

Emballement médiatique

Sa longue déclaration publiée dimanche et largement relayée sur Facebook a été reprise cette semaine par plusieurs médias locaux, dont certains ont vivement dénoncé cette prise de position.

« Quelle mouche l’a donc piqué ? », s’interroge jeudi le site Média24, tandis que l’hebdomadaire Telquel s’étonnait de cette « conception assez particulière de la nudité », précisant que l’imam n’en est « pas à sa première sortie hasardeuse ».

Ce discours « fait peur » et « est d’autant plus dangereux qu’il est très audible et qu’il n’est pas celui de l’imam d’une mosquée de quartier », souligne Média24, rappelant qu’au Maroc, « le monopole du religieux est exercé sous l’autorité » du roi Mohamed VI.

Devant cet emballement médiatique, Omar Al-Kzabri a publié un nouveau message sur Facebook, dans lequel il déplore les « attaques » de certains médias : « ce n’est pas moi qui ai dit que les impudiques iront en enfer, moi je n’ai fait que répéter le Hadith de notre prophète », s’est-il défendu.

Au Maroc, le port du voile ou à l’inverse les tenues jugées trop dénudées sont régulièrement sujets à polémique, notamment sur les réseaux sociaux. En juillet, une page Facebook avait été créée afin de « dénoncer le vice et la débauche des femmes » marocaines. Sa créatrice, Aïcha Amal, incitait les utilisateurs du réseau social à parcourir les plages marocaines pour prendre des photos volées de femmes en maillot de bain.