Capture d’une vidéo mise en ligne par Boko Haram, et rendue publique le 14 août 2016. La jeune fille se présemte comme étant Maina Yakubu de Chibok, la ville où elle aurait été enlevée, en compagnie d’autres écolières, apparaissant en arrière-plan. | IMAGE DE PROPAGANDE BOKO HARAM/ REUTERS

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé, vendredi 19 août, l’armée nigériane à « cesser ses menaces » contre Ahmad Salkida, un blogueur en contact avec les combattants du groupe jihadiste Boko Haram.

« L’armée nigériane doit cesser ses menaces », prévient le CPJ dans un communiqué, rappelant que « le journaliste indépendant (Ahmad Salkida) pouvait faire face à des poursuites judiciaires pour terrorisme s’il ne livrait pas les informations recueillies (...) auprès de Boko Haram ».

Recherché par l’armée pour interrogatoire

Le 14 août dernier, le porte-parole de l’armée, le colonel Sani Usman, avait lancé un appel de recherche contre M. Salkida, ainsi que contre deux autres personnes accusées d’être en lien avec le groupe jihadiste nigérian, les invitant à se rendre aux autorités pour interrogatoire.

Quelques jours auparavant, Ahmad Salkida affirmait sur son compte Twitter avoir reçu en « exclusivité » la dernière vidéo diffusée par Boko Haram, présentant les lycéennes de Chibok capturées il y a plus de deux ans.

Le blogger est une figure importante dans le conflit contre les combattants islamistes. Il a notamment été au coeur de négociations avortées avec le gouvernement de l’ex-président Goodluck Jonathan.

Résident à Maiduguri, ville à l’extrême nord-est du pays et berceau de Boko Haram, il avait été le premier journaliste à obtenir une interview exclusive en 2006 avec le fondateur du mouvement, Mohammed Yusuf.

« Chasse aux sorcières »

Depuis lors, il a toujours servi de vecteur d’informations fiables sur le groupe islamiste, éveillant les soupçons des autorités. Il vit désormais en exil aux Emirats arabes unis, d’où il tient un blog journalistique.

Le jour de l’annonce de sa recherche par l’armée, M. Salkida a écrit sur son blog qu’il prendrait « un avion pour Abuja » et répondrait à l’invitation des autorités sans toutefois donner de date exacte, affirmant qu’il travaillait du côté du gouvernement pour « la libération » des otages.

Selon le communiqué du CPJ, M. Salkida couvre le conflit depuis 2006 et « craint pour sa vie », recevant régulièrement de nombreuses menaces de mort.

Pour les journalistes nigérians ou spécialistes en sécurité en contact avec l’insurrection, le gouvernement mène actuellement « une chasse aux sorcières », a confié l’un d’eux à l’AFP.