Devant la mosquée Yahya de Saint-Etienne-du-Rouvray, le 29 juillet 2016. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

La communauté musulmane de Saint-Etienne-du-Rouvray avait refusé qu’il soit inhumé dans l’un des deux carrés musulmans de la commune. Adel Kermiche, l’un des meurtriers du père Jacques Hamel, le 26 juillet, a finalement été enterré vendredi 19 août, en toute discrétion, dans le carré musulman du cimetière intercommunal de Puiseux-Pontoise (Val-d’Oise).

La nouvelle de cette inhumation a été gardée secrète jusqu’au dernier moment. La tombe anonyme d’Adel Kermiche a été creusée trois heures avant la cérémonie, selon une information du Parisien.

  • Comment la cérémonie s’est-elle déroulée ?

Vendredi soir, à la tombée de la nuit, vers 21 heures, le convoi funéraire, précédé par une quinzaine de proches du terroriste s’est engouffré dans le cimetière. Durant une courte cérémonie, les hommes se sont approchés du cercueil, avant d’être rejoints par les femmes. Une heure plus tard, le cimetière était désert, les véhicules avaient quitté les lieux.

  • Qui en a fait la demande ?

C’est la famille d’Adel Kermiche qui a fait la demande que leur proche soit inhumé à Pusieux-Pontoise, rapporte Dominique Lefebvre, le président de l’agglomération de Cergy-Pontoise :

« J’ai été contacté il y a quelques jours. La famille possède une concession dans ce cimetière. Donc la communauté d’agglomération n’a fait qu’appliquer strictement la loi. »

Au terme de plusieurs réunions, le maire de la commune, Thierry Thomassin, a délivré le permis d’inhumation. L’agglomération de Cergy-Pontoise s’est chargée de mener les opérations. « Nous n’avons fait qu’appliquer strictement la loi, d’une part parce qu’il y a une sépulture de famille dans ce cimetière et d’autre part parce que, selon le code général des collectivités locales, il y a un droit à l’inhumation et ce, quelles que soient les circonstances qui ont accompagné la mort du défunt », a confirmé une source au sein de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise.

  • Que dit la loi ?

Le droit à une sépulture est inscrit dans la loi française. Une personne peut être inhumée dans sa ville de résidence, dans la ville où elle est morte ou dans la ville où se trouve un caveau familial. Dans certains cas, les maires peuvent exiger une présence policière lors de l’enterrement et que la tombe du défunt soit anonyme.

  • Y a-t-il des précédents ?

Le lieu d’inhumation d’auteurs d’actes terroristes est une question délicate. Elle a été soulevée à de nombreuses reprises, notamment pour Mohamed Merah, les frères Kouachi, Amedy Coulibaly et les terroristes du 13 novembre à Paris. Les communes concernées refusent souvent d’en endosser la responsabilité et craignent que la tombe ne devienne un lieu de pèlerinage.

La Mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray avait refusé en juillet d’inhumer Adel Kermiche dans un des deux carrés musulmans de la commune.

Mohammed Karabila, responsable de la mosquée Yahya et président de l’association culturelle musulmane stéphanaise, avait résumé sa position ainsi :

« On ne va pas salir l’islam avec cette personne. Nous ne participerons ni à la toilette mortuaire ni à l’inhumation. »

Un groupe musulman danois s’est désolidarisé jeudi de la proposition faite la veille par son vice-président d’enterrer Adel Kermiche.

« Ces déclarations n’ont pas été faites au nom du Fonds islamique danois », a fait savoir dans un courriel le chef du groupe danois, Bashir Ahmad Nazmi, faisant référence à l’interview de Kasem Said Ahmad, que les médias danois avaient désigné comme son président. Le cimetière musulman de Brondby, près de Copenhague, est seulement « pour les musulmans du Danemark », écrit le Fonds islamique dans un bref communiqué.

Le lieu d’inhumation d’Abdel Malik Petitjean, le second auteur de l’attentat à l’église de Saint-Etienne-de-Rouvray et de l’assassinat du religieux, n’est toujours pas arrêté, les maires de deux communes où il est né et a vécu ayant refusé d’autoriser son enterrement sur leur territoire.