Le 1er juillet 2015, Hamoudi Neema Al-Saadawi montre une photo de son fils Mustafa, durant les funérailles de dix Irakiens morts lors de la tuerie du camp Speicher, une ancienne base de l’armée américaine située à Tikrit, dans le nord de l’Irak, en juin 2014. | Jaber Al-Helo / AP

L’Irak a pendu dimanche 21 août 36 hommes reconnus coupables du massacre, par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), de centaines de jeunes recrues, essentiellement chiites, rassemblées dans le camp militaire de Speicher. Ce massacre avait été commis en juin 2014, près de Tikrit, au nord de Bagdad.

« L’exécution de 36 condamnés pour les crimes de Speicher [nom de la base où les recrues avaient été kidnappées] a eu lieu ce matin dans la prison de Nassiriyah » dans le sud du pays, a déclaré un porte-parole du gouvernorat de Zi Qar, dont Nassiriyah est le chef-lieu.

En juillet 2015, un tribunal irakien avait condamné 24 personnes, toutes de nationalité irakienne, à la peine capitale pour ce massacre. Le procès n’a duré que quelques heures, et les condamnations étaient fondées principalement sur des aveux des accusés, obtenus selon eux sous la torture. D’autres hommes avaient été condamnés par la suite.

Exécutions à une échelle industrielle

Le nombre exact des victimes de la tuerie du camp Speicher, une ancienne base de l’armée américaine située à Tikrit, dans le nord de l’Irak, n’est pas connu, mais pourrait atteindre 1 700 morts. Ce fait constitue l’un des actes les plus meurtriers commis par l’EI, accusé de crimes contre l’humanité par l’Organisation des Nations unies dans les régions sous son contrôle en Irak et en Syrie voisine.

Les images vidéo mises en ligne par l’EI montrant les jeunes soldats abattus par centaines ont symbolisé la brutalité de l’organisation djihadiste. Sur les images, certaines des victimes supplient leurs bourreaux de les épargner, tentant d’expliquer qu’elles n’ont rejoint les forces de sécurité que tout récemment.

Les images macabres montrent des exécutions à une échelle industrielle, avec des hommes tombant de camions-bennes, puis restant allongés dans des fosses communes, avant d’être exécutés un par un. Le massacre se poursuit dans la nuit et une vidéo montre une pelleteuse utilisée pour déplacer des piles de cadavres.

Tikrit repris en mars 2015

L’armée irakienne et les milices chiites alliées ont repris la ville de Tikrit à l’EI en mars 2015. Sous la pression des familles des recrues portées disparues, les autorités irakiennes ont commencé à fouiller les sites dans ce bastion de l’ancien dirigeant Saddam Hussein. Certains corps ont été jetés dans le fleuve Tigre, qui traverse Tikrit, tandis que la plupart étaient enterrés dans des fosses communes aux alentours. Les autorités irakiennes ont exhumé 597 corps des fosses communes autour de la ville.

Les dépouilles des militaires tués lors de la tuerie du camp Speicher, une ancienne base de l’armée américaine située à Tikrit, dans le nord de l’Irak, en juin 2014. | Hadi Mizban / AP

Combiné à un appel du principal responsable chiite irakien, l’ayatollah Ali Sistani, à prendre les armes contre l’EI, le massacre de Speicher a joué un rôle majeur dans le recrutement massif de volontaires chiites pour aller combattre les djihadistes.