L’équipe de France de boxe compte eux médaillés d’or : le couple  Estelle Mossely et Tony Yoka. | YURI CORTEZ / AFP

La boxe française termine en beauté son excellent bilan (six médailles) grâce à une deuxième médaille d’or. Tony Yoka a rejoint sa compagne Estelle Mossely au rang des champions olympiques tricolores. Il se présentait à Rio avec le statut de champion du monde des super-lourds, les plus de 91 kg. Dimanche 21 août, au pavillon 6 du Riocentro, il s’est imposé en finale du tournoi face au Britannique Joseph Joyce, un encaisseur et un puncheur redoutable. En demi-finale, la tête de file de la boxe tricolore avait battu le Croate Filip Hrgovic.

Devant l’équipe de France au complet, au premier de laquelle Estelle Mossely, son ami Teddy Riner, autre champion des poids lourds au judo, Tony Yoka a géré de main de maître son dernier combat. Face à un adversaire pataud, il a imposé sa précision et sa domination.

À 24 ans, le boxeur de Chanteloup-les-Vignes disputait ses deuxièmes Jeux olympiques et remporte sa première médaille, l’or. En 2012 à Londres, le jeune homme sans expérience s’était incliné au premier tour alors qu’il avait maîtrisé l’entame du combat. Après cette désillusion, il s’était fait tatouer sur le bras : « La chute n’est pas un échec, l’échec c’est de rester là où on est tombé. »

Champion du monde et champion olympique, Tony Yoka a suivi à la lettre les mots inscrits sur son corps. « À Londres, je n’avais pas la même maturité. Je n’étais même pas outsider. J’arrive à Rio avec le statut de numéro 1. C’est un plus pour moi. On me craint », déclarait-il au Monde quelques jours avant les Jeux.

Au Brésil, le favori a eu un début de compétition à sa main sans forcer. D’autres de ses coéquipiers ont plus attiré l’attention, à l’image de Sofiane Oumiha, médaillé d’argent dans la catégorie des - 60 kg. Au premier tour, il dominait tout de même, sur décision unanime des juges, le boxeur des îles Vierges, Laurent Clayton. Même chose en quart où il remportait tous les suffrages des officiels face au Jordanien Hussein Iashaish. En demi-finale, il passait de justesse et au courage face à Hrgovic malgré une blessure à la cheville.

Par le passé souvent maltraités par l’arbitrage - on se souvient des injustices vécues par Alexis Vastine en 2008 et 2012-, les boxeurs tricolores ont fait abstraction de cet élément incontrôlable au Brésil. « On ne pense pas à cette question-là. Je ne sais pas du tout si mon titre de champion du monde a une influence ou non », expliquait-il.

Mohamed Ali et… Apollo Creed comme modèles

Comme souvent dans la boxe, Tony Yoka a commencé à monter sur le ring dans le sillage de son père Victor, un ancien boxeur congolais. Ce dernier l’a longtemps entraîné avant de prendre du recul. Après une pause, il est revenu dans l’entourage pugilistique de son fils et le conseille toujours. « L’idole de mon père, c’était Mohamed Ali. J’ai grandi avec lui. On m’appelle l’Artiste à cause de mon style et de ma rapidité », confie Tony Yoka.

Depuis ses 15 ans, un autre personnage a une grande influence dans la progression du boxeur de 2 mètres et 107 kg. Le Cubain Luis Mariano Gonzalez qui fait partie de l’encadrement de l’équipe de France depuis 2007. Les deux hommes ont noué au fil du temps une relation particulière : « L’école cubaine est une école spéciale. Mariano m’apporte énormément techniquement. Je me suis approprié le style des Cubains. Les autres super-lourds sont plus lourds et boxent les pieds à plat sur le ring. »

L’un des boxeurs préférés du Français est un boxeur… sur grand écran. Fan des films de Rocky, Tony Yoka admire Apollo Creed, le premier rival de Sylvester Stallone, qui devient ensuite son meilleur ami au fil des numéros. « Apollo Creed c’est l’élégance, la finesse, le déplacement souple et rapide. La boxe c’est toucher sans se faire toucher », résume le Francilien.

Boxeur styliste, Tony Yoka n’oublie pas de s’inspirer des nombreux stages à l’étranger qu’il partage avec ses coéquipiers de l’équipe de France. À Cuba, les Bleus prennent en pleine face les conditions précaires qui n’empêchent pas les boxeurs locaux de briller depuis des années aux Jeux olympiques : 34 médailles d’or. « On a plus de confort en France. La boxe est un sport mental, il faut être dur au mal et fort dans sa tête. À l’Insep, on ne doit surtout pas oublier que l’on est des boxeurs. Quand on est un boxeur, il faut être un chien », défend-il.

Avant le début de la compétition, Tony Yoka avait confié : « Je me dis que ce sont mes derniers Jeux. C’est peut-être un moyen de motivation ». Peut-être que cette victoire lui donnera envie d’aller chercherun deuxième titre olympique dans quatre ans à Tokyo. Surtout qu’un éventuel passage en professionnel n’est plus un obstacle. Depuis Rio, la boxe olympique n’est plus réservée qu’aux seuls amateurs.