Le Kirghize Izzat Artykov contrôlé positif aux JO de Rio. | GOH CHAI HIN / AFP

Le Comité international olympique (CIO) voulait afficher sa fermeté. Alors, durant la quinzaine carioca, il a multiplié les annonces de cas de dopage concernant des médaillés des Jeux… de 2008 et 2012. Ainsi apprit-on, le 9 août, la disqualification de quatre athlètes, dont l’Ukrainien Oleksandr Pyatnytsya, vice-champion olympique du javelot à Londres. Le 16 août, c’était le nom d’une sprinteuse russe du 4 × 100 m, médaillée d’or à Pékin, qui sortait, puis, trois jours plus tard, celui d’une autre coureuse russe, du relais 4 × 400 m argentée en Chine. Enfin, samedi 20 août, le CIO annonçait la disqualification de la lanceuse de poids (toujours) russe Yevgeniya Kolodko, deuxième à Londres. Cette accumulation de communiqués n’est pas une surprise. Après avoir analysé de nouveau 1 243 échantillons des deux derniers Jeux, le CIO avait fait état de 98 cas positifs. L’instance égrène depuis les noms, au fil des procédures.

L’édition de Rio pourrait aussi livrer son verdict dans plusieurs années. Sur décision du CIO, le Tribunal arbitral du sport a été délocalisé au Brésil pour pouvoir traiter les cas de dopage plus rapidement – les juges du TAS ont par ailleurs dû se prononcer sur les recours de sportifs russes contestant leur exclusion des Jeux. Jusqu’à présent, seuls sept cas de dopage ont été traités par la juridiction sportive, le dernier en date étant celui d’un haltérophile mongol de 19 ans, Chagnaadorj Usukhbayar, révélé le dernier jour des épreuves. Mais, comme souvent, la grande majorité des contrôles n’a pour l’instant rien donné. Un seul médaillé a été pris dans les mailles du filet. Il s’agit à nouveau d’un haltérophile, le Kirghize Izzat Artykov, positif à la strychnine, un (vieux) stimulant. Médaillé de bronze chez les - 69 kg, Artykov a assuré avoir acquis sa récompense « honnêtement » et a annoncé son intention de faire appel.

Signes inquiétants

Jusqu’au samedi 20 août, 4 746 contrôles antidopage avaient été réalisés : 3 902 tests urinaires, 424 tests sanguins, et 420 effectués dans le cadre du passeport biologique qui permet de détecter de manière indirecte d’éventuelles manipulations. Des statistiques à mettre en rapport avec les quelque 10 500 athlètes présents au Brésil. Mais au-delà des données chiffrées, des signes inquiétants ont émaillé le dispositif antidopage à Rio. Les organisateurs ont reconnu que des personnes non-autorisées avaient pu pénétrer dans des zones de tests censées être à accès restreint.

Selon le quotidien britannique The Telegraph, plusieurs problèmes d’organisation et un personnel pas assez nombreux pour assurer le dispositif anti-dopage auraient conduit à des retards dans la transmission des échantillons au laboratoire. Un établissement qui, faute de fiabilité, avait été suspendu par l’Agence mondiale antidopage, le 24 juin, avant de récupérer son accréditation, in extremis. Un spécialiste de l’antidopage a confié au Telegraph : « Ce sont de loin les pires Jeux que j’ai vus. »

Alors que cette édition a été marquée par l’absence de nombreux athlètes russes, après les révélations de dopage d’Etat en Russie et de la supercherie des Jeux d’hiver de Sotchi, en 2014, durant lesquels des échantillons avaient été trafiqués, il est fort possible que les responsables soient prudents à l’heure de dresser le bilan. Le président du Comité olympique français, Denis Masseglia, lui, s’est félicité de Jeux « super positifs ». Mais l’expression ne faisait pas référence au dopage, juste au nombre de médailles tricolores récoltées (42), nouveau record d’après-guerre.