La maire de Paris Anne Hidalgo en novembre 2015. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La commission d’enquête publique sur la piétonisation des voies sur berge rive droite à Paris a rendu un avis défavorable sur ce projet. Un avis que la mairie de Paris a d’emblée annoncé qu’elle ne suivrait pas.

La commission estime « que l’étude d’impact ne permet pas d’établir la réalité de la réduction de la pollution automobile » induite par la fermeture de la voie sur berge. Cette étude d’impact, effectuée à la demande de la mairie, avait été diffusée avant le début de l’enquête publique, le 8 juillet.

Périmètre d’enquête insuffisant

La maire de Paris a prévu de barrer l’accès aux voitures de la voie Georges-Pompidou à partir du tunnel des Tuileries (1er arrondissement) jusqu’au tunnel Henri-IV (4e arrondissement), sur 3,3 km. L’étude d’impact a été menée sur un périmètre comprenant les 1er, 4e, 7e et 12arrondissements.

Or, selon la commission « les reports de circulation entraînés par la fermeture de la voie sur berge affecteront de manière significative un secteur plus large », et les « 5e, 6e et 8e arrondissements subiront un report de près de trois quarts des véhicules qui ne pourront plus emprunter » la voie sur berge.

Elle estime également que l’enquête publique « n’a pas mis à même les personnes directement intéressées par les conséquences positives ou négatives du projet de faire valoir leurs observations ».

Consultée par Le Monde au mois de juillet, l’étude d’impact de la mairie de Paris prévoyait en effet un report de la circulation dans les quartiers environnants, mais elle affirmait également que les encombrements seraient « temporaires » et ne dureraient pas au-delà d’un délai « d’ajustement », citant le précédent de la fermeture de la rive gauche en 2013. La hausse du temps de trafic entre Bastille et la Concorde était évaluée à 6 minutes, et n’excède pas les 2 minutes entre aujourd’hui et 2012.

Un « déni complet de l’urgence climatique »

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a estimé lundi dans un communiqué que « ces motivations résonnent comme un déni complet de l’urgence climatique » et « ne tiennent pas non plus compte des motifs environnementaux, sanitaires, urbains et culturels qui sont pourtant à l’origine de ce projet de piétonisation ».

Elle souligne également que l’avis est en contradiction « avec la volonté clairement affirmée par une nette majorité des Parisiens, qui sont plus de 60 % à être favorables à cette piétonisation, dont un automobiliste sur deux, selon un sondage de l’institut Ifop d’avril 2016 ».

La maire de Paris conclut en affirmant qu’elle ne suivra pas cet avis. La délibération sur la piétonisation des voies sur berge sera présentée au prochain Conseil de Paris. Mme Hidalgo précise qu’elle convoquera « début septembre une conférence destinée à faire prévaloir, malgré tous ceux qui cherchent à le détisser, l’application intégrale de l’accord de Paris sur le climat ». Dans un autre communiqué, le groupe socialiste déplore dans l’avis de la commission « un conservatisme déconnecté des enjeux urbains, sanitaires et environnementaux ».

Au Conseil de Paris, l’opposition s’insurge

Dans un communiqué, les élus du groupe Les Républicains au Conseil de Paris dénoncent « la mauvaise foi de la maire de Paris » et rappellent qu’elle « s’est opposée à plusieurs reprises à leur demande de mesures de la qualité de l’air sur les voies concernées avant et après fermeture, pour obtenir des résultats précis ».

Déplorant qu’elle « ait rejeté sans même l’étudier le projet alternatif qu’ils avaient proposé », et qui selon eux « favorisait une fermeture progressive des voies sur berges ou des quais hauts, respectueuse des Parisiens, des Franciliens et de leur santé », ils appellent Mme Hidalgo à engager « une vraie concertation sur le devenir des voies sur berges ».

Nathalie Kosciusko-Morizet, la chef de file du parti Les Républicains à la mairie de Paris, réclame depuis plusieurs mois un « moratoire » sur la fermeture des voies sur berge. La droite est d’autant plus opposée au projet de fermeture des berges qu’il coïncide avec d’autres chantiers, dont les travaux de canalisation pour la nouvelle Samaritaine, qui nécessiteront la fermeture d’une file de circulation sur le quai François-Mitterrand, celui sur lequel se reporteront les voitures interdites sur les berges.