Arnaud Montebourg, à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), le 21 août. | Jean-Claude Coutausse / French Politics pour "Le Monde"

Après avoir été le candidat de la « démondialisation » lors de la primaire de 2011, Arnaud Montebourg a décidé d’être en 2017 celui de la fin de l’austérité pour « organiser le retour de la France ». En six ans, l’ancien avocat de profession n’a donc guère changé de positionnement, même si, cette fois, ses mots se font plus durs encore contre la situation économique française et européenne.

L’ancien ministre de l’économie se veut tout à la fois l’hybride à gauche des candidatures de Jean-Pierre Chevènement en 2002, pour la défense de la souveraineté budgétaire nationale, et celle de Ségolène Royal en 2007, pour l’innovation sociale et l’appel à la « fraternité » collective. Deux candidatures qui, en leurs temps, avaient chacune démarré fort avant de se terminer en défaites.

Chantre du « Made in France » depuis son passage à Bercy, M. Montebourg veut faire de ce concept ressuscité un des piliers de son programme de relance, avec un objectif : le « plein-emploi » et le « redécollage économique » du pays. La « Nouvelle France », version Montebourg, doit accorder sa « préférence collective » aux PME hexagonales. Outre « l’annulation des hausses d’impôts depuis 2011 » pour les classes moyennes et populaires et la « renégociation » de la loi travail, il propose la création d’un « crédit national » pour cautionner les emprunts des petites entreprises, la réservation de 80 % des marchés publics aux PME concernées, et l’utilisation de 10 % à 20 % des montants d’épargne de l’assurance-vie pour financer leurs développements… Et si « la Commission européenne s’oppose à certaines de ces décisions au nom du dogme de la concurrence libre et non faussée », il prévient qu’il « préfère(ra) payer des amendes plutôt que de laisser mourir l’économie française ».

« Redéfinir le projet européen »

Au plan européen, M. Montebourg n’est pas loin de déclarer la guerre à Bruxelles. Il souhaite « obtenir des Français un mandat non négociable de dépassement des traités » européens, pour « redéfinir sur l’essentiel le projet européen », quitte s’il le faut à tirer un trait sur l’Europe à vingt-huit pays pour se concentrer sur le noyau des nations fondatrices. Conjointement, il promet, s’il devait être élu, d’imposer à l’Union européenne l’abandon par la France de la règle des 3 % de déficit public.

Au rayon institutionnel, sa zone de confort, le défenseur ancien de la VIe République égrène les mesures : retour du septennat présidentiel, non renouvelable, tirage au sort de citoyens pour remplacer les sénateurs, réduction du nombre de députés et élection d’une partie d’entre eux à la proportionnelle, instauration d’un « spoil system » à la française pour changer la haute administration à chaque alternance politique. Le tout englobé dans un « référendum » constituant organisé « dès l’été 2017 ». Un passage particulièrement applaudi par la foule, dimanche à Frangy-en-Bresse, signe de la défiance populaire envers les élus.

En revanche, du côté de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, qui seront un des enjeux principaux de l’élection en 2017, M. Montebourg semble moins à l’aise et inventif pour « refaire France ». Au menu, le renforcement des services de renseignement – sans détail – et le rétablissement du service militaire national, supprimé par Jacques Chirac, sous la forme d’un service civil obligatoire d’une durée de six mois et égalitaire hommes-femmes. Dans le public bressan, les anciens, non concernés, disent bravo ; les plus jeunes semblent moins allants.

M. Montebourg va profiter du mois de septembre pour sillonner le pays et promouvoir son « Projet France ». Mais concernant le chiffrage de ses promesses et la possibilité de les mener toutes de concert, il faudra encore attendre. Interrogé dimanche, le candidat du volontarisme en politique a refusé de répondre précisément, se réfugiant derrière une formule laconique : « Tout est possible, il suffit de le vouloir. »