Et si cette fois était la bonne ? Monaco n’est plus qu’à 90 minutes d’accéder à la phase de groupes de la Ligue des champions. En ayant battu Villarreal (2-1) au match aller en Espagne, mercredi 17 août, les joueurs de Leonardo Jardim sont plus proches que jamais d’une qualification jugée largement hypothétique avant d’entamer sa campagne européenne.

C’est le lot estival du troisième du championnat de France qui, depuis la saison 2013-2014, doit passer par deux tours de qualification en match aller-retour, soit quatre matchs dans une période où les organismes de footballeurs ne sont pas encore tout à fait prêts à affronter des rencontres tous les trois jours. Le tout pour espérer participer à la phase de poules de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Depuis ces trois saisons, aucun club de l’Hexagone n’est parvenu à franchir l’écueil des deux matchs de barrage.

La stabilité comme atout

Contrairement à la saison dernière, la direction de l’AS Monaco a décidé de changer de stratégie. Avant d’affronter les Young Boys de Berne puis le FC Valence, Monaco avait largement étoffé son effectif. Avec pas moins de 15 recrues, le club du Rocher voulait renforcer son groupe avant d’affronter les premiers matchs de tour préliminaire de la Ligue des champions. Le tout pour s’assurer d’une qualification qui permettrait de rembourser en partie les investissements consentis sur le marché des transferts. De fait, une qualification pour la phase de groupes rapporte, au minimum, 12 millions d’euros. Sauf que les Monégasques, qui ne sont pas parvenus à se qualifier face au FC Valence, ont été contraints à vendre leurs meilleurs éléments. Ils ont vécu la saison avec un groupe instable, pour qui la mayonnaise a mis énormément de temps à prendre.

Leonardo Jardim peut compter sur la stabilité de son effectif pour affronter Villarreal. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

À cette intersaison, les dirigeants monégasques ont décidé de changer de stratégie. Dmitri Rybolovlev, le président du club, a décidé d’investir plus raisonnablement. Les recrutements des latéraux Djibril Sidibé et Benjamin Mendy, d’un troisième gardien en la personne de Morgan De Sanctis, ainsi que l’arrivée du défenseur central international polonais Kamil Glik, ont été les seuls consentis. Le club s’est néanmoins appuyé sur les retours de prêt de Radamel Falcao (Chelsea) et de Valère Germain (Nice) en attaque.

La stratégie des dirigeants monégasques est conditionnée à la qualification – ou non – pour la Ligue des champions. Si l’ASM ne parvient pas à se qualifier, le club sera certainement obligé de vendre certains joueurs pour combler le préjudice d’une non-qualification. En cas de qualification, il pourra se permettre d’étoffer son effectif ou, tout au moins, de conserver ses meilleurs éléments, tels le Brésilien Fabinho, pisté par de nombreux clubs européens.

Fabinho, buteur au match aller, sera un élément crucial de Monaco pour se qualifier. | HEINO KALIS / REUTERS

Rejoindre Paris et Lyon au sommet du football français

L’enjeu est de taille pour un club qui se rêve, à l’instar de l’Olympique lyonnais, le plus sérieux challenger du PSG en Ligue 1. Pour prétendre à ce statut, il faut aussi rejoindre les deux premiers cités en phase de poules de la Ligue des champions. Prestige, finances, indice UEFA, les Monégasques n’ont que des intérêts à conserver l’avantage acquis au match aller à Madrigal. En effet, l’indice UEFA du championnat de France est conditionné à la réussite de l’AS Monaco. En cas de non-qualification, les Monégasques feront perdre des points au championnat et le deuxième au classement pourrait avoir affaire à un barrage pour intégrer la Ligue des champions à l’horizon 2018. Une situation qui a fait réagir Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, dans les colonnes de L’Equipe : « On soutient complètement Monaco. C’est l’année où le foot français peut faire la différence avec la Russie et le Portugal. Il faut qu’on prenne des points, et quand vous avez Paris, Lyon et Monaco en Ligue des champions, c’est plus facile d’en prendre, même si ce sera très relevé. »

« Nous avons la possibilité de faire quelque chose d’inédit et on va donner 100 % pour y parvenir. Le foot n’est jamais fini, on aura besoin de jouer 90 minutes à fond pour qualifier l’équipe », a déclaré Leonardo Jardim, qui devra composer avec les blessures.

L’AS Monaco devra faire sans son buteur retrouvé, Radamel Falcao. | JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP

Falcao, Vagner Love, Mbappé, Mendy et De Sanctis ne sont pas opérationnels. Quant à Carrillo et Sidibé, ils sont diminués physiquement par de petits pépins. L’entraîneur portugais devrait néanmoins pouvoir composer un onze de départ cohérent et bénéficie surtout de l’avantage acquis au match aller. En cas de défaite 2-1, Monaco devra composer avec une prolongation. Villarreal est contraint de marquer par deux buts d’écart pour assurer sa qualification. Et si le sous-marin jaune est habitué au couperet de ces joutes européennes, il s’attend à devoir faire face à un bloc défensif monégasque très compact, comme le technicien portugais sait bien mettre en place, malgré les difficultés entrevues dans ce secteur en début de saison. Une tactique certes frugale, mais dont l’ASM et le football français ne se plaindront pas si elle permet pour la première fois depuis 2012 d’avoir trois représentants en Ligue des champions, dont le tirage au sort aura lieu jeudi 25 août… à Monaco. Ce serait dommage de rater ce rendez-vous.