Frappes aériennes turques à la frontière syrienne. | AP

Mercredi 24 août avant l’aube, l’armée turque a lancé une opération en Syrie pour chasser l’organisation Etat islamique (EI) et les milices kurdes de Djarabulus, frontalière de la Turquie. Une dizaine de ses chars sont entrés en territoire syrien.

Cette opération, soutenue par les forces de la coalition internationale antidjihadiste et baptisée « Bouclier de l’Euphrate », est la plus ambitieuse de la Turquie depuis le début du conflit syrien, il y a cinq ans et demi.

« Depuis 4 heures [du matin], nos forces ont lancé une opération contre les groupes terroristes de Daech [acronyme arabe de l’EI] et du PYD [Parti de l’Union démocratique, kurde] », a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un discours à Ankara.

Un communiqué officiel du premier ministre a précisé :

« Les forces armées turques et les forces aériennes de la coalition internationale ont lancé une opération militaire visant à nettoyer le district de Jarablus de la province d’Alep de l’organisation terroriste Daech [acronyme arabe de l’EI]. »

Djarabulus est le dernier point de passage contrôlé par l’EI à la frontière côté syrien. La Turquie avait ordonné mardi soir aux habitants de Karkamis, qui fait face à Jarablus côté turc, d’évacuer la ville pour « des raisons de sécurité ».

La Turquie tente ainsi d’établir sa « zone de sécurité ». Le ministère des affaires étrangères a affirmé attendre que les milices kurdes se retirent à l’est de l’Euphrate.

Milices kurdes

Mais, outre la menace djihadiste, la Turquie est aussi soucieuse d’empêcher l’avancée des Forces démocratiques syriennes (FDS) de Minbej vers Jarablus et ne veut pas que les Kurdes se positionnent davantage à la frontière. Les FDS sont une alliance de combattants kurdes et de groupes armés arabes luttant contre l’EI.

Des tanks turcs à la frontière avec la Syrie, le 24 août 2016. | BULENT KILIC / AFP

Alors que des centaines de rebelles syriens soutenus par Ankara se préparaient du côté turc à une offensive pour prendre Djarabulus mardi, un responsable turc avait indiqué que cette opération était motivée par la volonté d’Ankara d’empêcher la prise de contrôle par les milices kurdes de cette localité.

Ankara voit avec anxiété toute tentative des Kurdes de Syrie de créer une unité territoriale autonome le long de sa frontière. La Turquie considère l’EI et le Parti de l’union démocratique (PYD, kurde) comme des organisations terroristes et les combat, alors que son allié américain soutient, au grand dam d’Ankara, les Kurdes contre les djihadistes en Syrie.

Le vice-président américain, Joe Biden, est arrivé en milieu de matinée à Ankara, où il doit rencontrer le premier ministre, Binali Yildirim, puis le président Recep Tayyip Erdogan pour des entretiens notamment sur la crise syrienne.

La situation en Syrie, comme la question de l’extradition de l’ex-imam Fethullah Gülen, exilé aux Etat-Unis, que les autorités turques désignent comme l’instigateur du putsch avorté du 15 juillet en Turquie, seront à l’ordre du jour des discussions du vice-président américain à Ankara.