Des sauveteurs cherchent dans les décombres, après le seisme d’une magnitude de 6,2 qui a frappé le centre de l’Italie mercredi 24 septembre. | STR / AFP

Un séisme de magnitude 6,2 a frappé mercredi 24 septembre le centre de l’Italie, faisant au moins une quarantaine de morts et détruisant de nombreux bâtiments où des personnes seraient encore prises au piège. Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, revient sur les causes de cette nouvelle secousse ayant frappé la botte italienne, après le séisme meurtrier (plus de 300 morts) de 2009 à L’Aquila.

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Qu’est-ce qui explique que la terre ait une nouvelle fois tremblé en Italie ? Ce séisme est-il normal ou exceptionnel ?

Pascal Bernard : Il s’agit d’un séisme typique de la région. Toute la chaîne de montagnes des Apennins, qui parcourent sur mille kilomètres l’Italie du nord au sud, est en train de s’étirer. Les Apennins se fracturent sur de grandes failles qui permettent cet étalement. La plupart du temps, ces failles résistent mais parfois des morceaux se cassent. Ce séisme de magnitude 6,2 correspond à la fracture d’un morceau de 20 kilomètres de long. Les vibrations d’une telle cassure de faille sont très fortes, ce qui explique que le séisme ait été ressenti jusqu’à 140 km de l’épicentre, à Rome. Ce sont les mêmes causes qui avaient provoqué le séisme très meurtrier de 2009 à L’Aquila. A cette époque, la faille et l’épicentre étaient situés tout près de la ville, contrairement au tremblement de terre actuel, survenu à 10 km de Nursie, en Ombrie.

Quelle est la fréquence de tels tremblements ?

L’Italie est une terre régulièrement touchée par des secousses sismiques car son territoire se retrouve coincé entre les plaques tectoniques d’Eurasie et d’Afrique, qui convergent l’une vers l’autre. Et au milieu, une mosaïque de microplaques s’affrontent. Les Apennins, formés au lieu précis de convergence de deux microplaques, résultent de cette compression. Mais le séisme d’aujourd’hui, comme celui de L’Aquila en 2009, provient, on l’a vu, d’un mouvement inverse : la chaîne s’étend. L’Italie sélargit, en quelque sorte, d’un millimètre par an.

Tous les dix ans environ, le pays connaît ainsi des séismes de magnitude 6 à 6,5. Les secousses de magnitude 7 sont beaucoup plus rares, il s’en produit tous les cinquante ans. Le dernier tremblement de terre de magnitude 7 a eu lieu à Irpinia à l’est de Naples en 1980. C’est le dernier aussi à avoir fait plusieurs milliers de morts, près de 3 000.

L’Italie est-elle bien préparée pour faire face à ces secousses sismiques ?

La population est préparée, mais de là à ce que tous les nouveaux bâtiments soient construits correctement pour résister, c’est moins évident. Il y a toujours des malfaçons. Pourtant, un bâtiment construit selon les normes parasismiques actuelles n’a aucune raison de souffrir d’un séisme de magnitude 6 à 6,5. Et le surcoût de tels bâtiments n’est pas énorme.

Est-il possible de prévoir la survenue d’un séisme ?

Il n’y a eu aucun signe avant coureur de ce nouveau séisme, contrairement à celui de L’Aquila qui avait été précédé de beaucoup de petites secousses. Cela étant, on ne sait toujours pas prédire de façon précise et fiable la survenue d’un séisme. Les sismologues ne peuvent fournir que des probabilités, en s’appuyant sur l’observation de phénomènes naturels inhabituels, comme des petites secousses, une perturbation des eaux souterraines ou encore, beaucoup plus rare, une déformation du sol. Mais cela reste très incertain. A partir de ces indices que nous donne la nature, on essaie d’évaluer la probabilité de voir un grand séisme dans le mois qui suit.

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