Chateaurenard le 25 août 2016. Premier meeting de campagne de Nicolas Sarkozy pour la primaire du parti Les Républicains. | Patrick GHERDOUSSI / pgherdoussi@gmail.com

Des jeunes filles hystériques, des têtes chenues euphoriques agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge… Nicolas Sarkozy a tenu jeudi 25 août son premier meeting en tant que candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017 à Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône, dans une ambiance survoltée. Une impression accentuée par la chaleur suffocante au milieu des près de deux mille personnes massées dans le gymnase de la ville.

Après avoir saturé l’espace médiatique ces derniers jours en officialisant sa candidature, lundi, et exposé son programme présidentiel dans un nouvel ouvrage, puis inauguré mardi son siège de campagne, l’ancien chef de l’Etat a tenté de dégager une démonstration de force à travers cette réunion publique.

L’ensemble de ses soutiens avaient été convoqués pour l’occasion et l’équipe du candidat revendiquait la présence de plus de deux cents élus, dont quatre-vingt-dix parlementaires. Aux premiers rangs figuraient notamment le maire de Troyes, François Baroin, pressenti pour obtenir Matignon en cas de victoire ; le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Christian Estrosi ; le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin ; le président par intérim des Républicains, Laurent Wauquiez ; ou l’ex-ministre Rachida Dati.

« J’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle », a répété l’ancien chef de l’Etat au début de son discours, sous les acclamations de ses partisans. Le choix de lancer sa campagne dans cette ville – qui a longtemps été le fief de rentrée de son rival Jean-François Copé – n’est pas anodin : sur cette terre du Sud-Est, ou le FN réalise de gros scores, il est censé symboliser la reconquête des électeurs passés à l’extrême droite.

Il surfe sur l’actualité anxiogène

Sans surprise, M. Sarkozy a exposé ses propositions d’inspiration droitière – essentiellement axées sur l’islam, l’immigration ou la sécurité – dans le but de surfer sur une actualité anxiogène sur fond de menaces terroristes. Avec succès, car chaque prise de position sur ces thèmes a déclenché des salves d’applaudissements. L’impression de revivre les meetings de 2012 était d’ailleurs saisissante…

Déterminé à apparaître comme le premier opposant au pouvoir socialiste, il a regretté « un recul généralisé de d’autorité de l’Etat ». Et a annoncé sa volonté d’« incarner » à nouveau « la fonction présidentielle », qu’il estime « affaiblie » par les quatre années de présidence de François Hollande.

Accusant le chef de l’Etat de manquer de détermination dans la lutte contre les djihadistes, il a assuré être capable de juguler la vague d’attentats qui a frappé le pays :

« Je veux que face à la menace terroriste, les Français aient la certitude d’être protégés, au lieu de se demander pourquoi la réponse de ceux qui devraient nous gouverner est si faible. »

Les questions que pose la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy
Durée : 18:55

Des thèmes chers à l’extrême droite

Il a de nouveau répété sa volonté d’enfermer de manière préventive les fichés S, sans craindre d’adapter le cadre législatif actuel : « l’Etat de droit ne peut pas être un Etat de faiblesse ! » « Je veux être le président qui rétablira l’autorité de l’Etat », a-t-il résumé sur un ton martial, en reprenant sa casquette d’ex-ministre de l’intérieur, voire de chef de guerre quand il a affirmé vouloir « écraser nos ennemis ».

Comme en 2012, il s’est posé comme le candidat du « peuple », en brocardant une gauche qui « trahit le peuple » et n’oserait pas aborder « les vrais sujets ». Lui promet de dire « la vérité sur la réalité » du quotidien des Français, en assumant son choix d’aborder essentiellement des thèmes chers à l’extrême droite lors de sa campagne, comme « la sécurité », « l’assistanat », « le communautarisme » « l’immigration » ou « l’identité nationale ».

Il a décliné les propositions contenues dans son livre : suspension du regroupement familial, peines planchers exponentielles, suppression de l’aide médicale d’Etat… Un positionnement à droite toute revendiqué, dans le but de séduire les électeurs de droite et ceux passés au FN dans l’optique de la primaire : « Je ne serai pas le candidat de l’eau tiède, des demi-solutions. »

« La tyrannie des minorités »

« Notre identité est menacée », a-t-il répété, sur un ton volontairement dramatique, pour justifier sa volonté d’interdire le voile « à l’école, à l’université, dans les services publics et dans les entreprises ». Sans oublier d’apporter son soutien aux maires qui ont décidé d’interdire le burkini ces dernières semaines et en exigeant du gouvernement « une loi d’interdiction sur tout le territoire » pour ne « pas laisser les maires seuls face à cette provocation ».

Dénonçant à nouveau « la tyrannie des minorités », il s’en est aussi pris « à la gauche multiculturaliste » et au « communautarisme ». Pour être sûr de prononcer un discours entrant en résonance avec les aspirations des électeurs conservateurs, il s’est aussi présenté comme le défenseur de la famille, de la valeur travail et des baisses d’impôt.

Le perdant de 2012, qui se pose en rassembleur de son camp et jure ne pas vouloir attaquer ses rivaux, n’a pourtant pas oublié de décocher des flèches en direction de son principal rival, Alain Juppé, en le présentant comme trop modéré dans la lutte contre le communautarisme musulman.

« Je ne veux pas entendre parler d’accommodements raisonnables, de compromis. Il n’y a aucun compromis à avoir avec l’islam radical », a-t-il lancé. Sans oublier d’accuser le maire de Bordeaux, favorable à l’intégration pour les immigrés, d’être « effrayé » par son concept d’assimilation.

Alors qu’il reste distancé dans les sondages par M. Juppé, M. Sarkozy a conclu en affichant sa confiance. « Je suis candidat à la primaire et nous allons gagner ! », a-t-il lancé, en appelant une nouvelle fois le « peuple de France » à le soutenir. Comme en 2012.