Aéroport de Lisbonne, Portugal, mai 2015 | PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

LA LISTE DE NOS ENVIES

Une langue à apprivoiser, une vie de campus différente, des cultures estudiantines et professionnelles toutes nouvelles : tous les repères sont bousculés lors d’une expatriation. Vous partez étudier ou travailler à l’étranger et les questions se multiplient à l’approche du départ ? Romans, récits, BD, ouvrages de développement personnels, Le Monde Campus a sélectionné cinq livres où puiser des réponses aux interrogations les plus diverses.

Un campus américain, dans tous ses états…

Admise au sein de la prestigieuse (et fictive) Dupont University, une brillante élève issue d’une famille modeste et provinciale de Caroline du Nord s’y retrouve confrontée à l’élite de la jeunesse américaine, et à ses turpitudes. Si vous partez étudier aux Etats-Unis, le roman de Tom Wolfe, Moi, Charlotte Simmons (Ed. Pocket, 2006) vous intéressera moins pour le tableau quelque peu caricatural des aspirations de cette jeunesse dorée que pour sa description minutieuse du fonctionnement d’un campus américain. Vie associative, « fraternités » en tout genre, place du sport universitaire, organisation des cours : au bout des quelque 1 000 pages du roman, tout cela n’aura plus de secret pour vous.

Tom Wolfe, « Moi, Charlotte Simmons », Pocket, 2006.

Le petit monde des professeurs d’université

Deux professeurs d’université, un Américain et un Britannique, échangent leur poste – et leur vie – pour six mois. Impossible de parler de romans de campus (campus novels) sans citer le maître absolu en la matière : l’écrivain britannique David Lodge. Changement de décor (Ed. Rivage), publié en 1975, ouvre sa trilogie sur la vie universitaire des deux côtés de l’Atlantique. Avec le portrait plein d’humour de ces deux enseignants si différents (un brillant professeur d’une université réputée de Californie, son homologue plus terne d’une institution britannique de seconde zone), David Lodge caricature à merveille le microcosme universitaire qu’il connaît bien, ses manières de voir, ses mentalités.

Si vous vous installez au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, Changement de décor peut aussi se lire comme une fresque historique de la révolution sociale, sexuelle et politique des années 1970 dans les deux pays. De quoi comprendre un peu mieux la situation actuelle.

David Lodge, « Changement de décor », Rivages, 1975 (réédition Rivages Poche, 2014).

L’« expérience » Erasmus, en BD

« Un beau jour, tu te mets à rêver d’un départ » : ainsi commence le Journal d’un étudiant français à l’étranger – Mon séjour Erasmus (Ed. Hors Collection, juin 2016, 176p., 14,90 €), de la journaliste Raquel Piñeiro et de l’illustratrice Amaia Azzazola. Ce roman graphique sensible et drôle retrace le parcours et les péripéties émotionnelles d’un étudiant  Erasmus lambda, depuis l’acceptation de sa demande de départ jusqu’au retour au bercail. Une sorte d’Auberge espagnole en BD, qui, à l’instar du film culte de Cédric Klaspisch, offrira à ceux qui partent cette année « en Erasmus » un aperçu de ce qui les attend. Les quelque 3 millions d’anciens qui ont étudié dans un autre pays de l’Union européenne depuis la création du programme en 1987, eux, s’y reconnaîtront sans doute avec une pointe de nostalgie.

Paperasse administrative, apprentissage d’une nouvelle langue et conversations multilingues avec les autres Erasmus, fins de soirées à refaire le monde dans la rue, coups de blues, sans oublier les histoires d’amour éphémères ou durables (un million de bébés européens seraient nés de couples Erasmus depuis 1987…), rien ne manque. Les deux auteurs préfèrent, en revanche, ne pas s’attarder sur les cours, car, disent-elles, « ce n’est pas sur les bancs de l’amphi que tu apprendras les leçons les plus précieuses ni que tu récolteras tes souvenirs les plus impérissables »…

Amaia Azzazola et Raquel Piñeiro, « Journal d’un étudiant français à l’étranger », Hors collection, 2016.

Se réinventer dans un autre pays, et en V.O.

Dans The Pirates of Ipanema (en anglais seulement – Edition Pirata Litnovembre 2015), Brian Waksmunski raconte son histoire. Celle d’un expatrié américain installé au Brésil et d’une auberge de jeunesse (un « anti-hôtel », comme il dit), du quartier d’Ipanema de Rio de Janeiro, qu’il a tenu pendant cinq ans. On y croise toutes sortes de voyageurs, bagpackers, expatriés d’un jour ou de toujours, ayant chacun une raison bien particulière d’avoir un jour largué les amarres. Un livre que Brian Waksmunski destine, dans un entretien au Rio Times, à « tous ceux qui envisagent de faire le grand saut, de vivre et de se réinventer dans un autre pays que celui où ils sont nés. Un pays où le climat, la langue, la manière de penser et les habitudes nécessitent une adaptation. »

Brian Waksmunski, « The Pirates of Ipanema », Pirata Lit, 2015.

Un coach pour cheminer

Vous comptez vivre à l’étranger plus qu’une année ? Attention à la « crise d’identité », prévient Natalie Tollenaere, citoyenne belge reconvertie en conseillère en expatriation après avoir vécu dans sept pays. Surprise par « l’isolement » des expatriés face à la perte de repères environnementaux, familiaux, culturels, qui « mène souvent à nier certaines réalités émotionnelles de leur vie », elle a écrit L’Art des possibles. Créer son chemin dans une vie internationale mobile. L’ouvrage propose de suivre sept étapes de réflexion sur l’identité, les valeurs, les priorités de vie, les passions, etc. Chacune d’entre elles s’accompagne de témoignages de Natalie ou d’autres expatriés et d’exercices d’expression pour matérialiser ces étapes. Un coach dans votre sac à dos, en somme.

Natalie Tollenaere, « L’Art des possibles. Créer son chemin dans une vie internationale mobile », Summertime Publishing, 2010.