Un sous-marin Scorpène au large de Bombay, en Inde, le 1er mai. | HO / AFP

Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 26 août, une enquête préliminaire sur la fuite massive d’informations techniques confidentielles du constructeur naval français DCNS, relatives à ses sous-marins de classe Scorpène, a-t-on appris de source judiciaire.

L’ouverture de cette enquête pour abus de confiance, recel et complicité, fait suite à une plainte contre X déposée jeudi par la DCNS (ex-Direction des constructions navales), groupe détenu à 62 % par l’Etat français. Les investigations sont confiées à la Direction centrale de la police judiciaire.

L’affaire a été révélée mercredi par le quotidien The Australian, qui a publié sur son site internet des extraits des 22 400 pages des différents documents collectés. Ils détaillent les capacités de combat des Scorpène de la DCNS, conçus pour la marine indienne et dont plusieurs unités ont été achetées par la Malaisie et le Chili. Le Brésil doit lui aussi déployer ces submersibles à partir de 2018.

Contrat avec l’Australie

Les documents décrivent les capteurs des sous-marins, leurs systèmes de communication et de navigation, et 500 pages sont consacrées exclusivement au système de lance-torpilles, a précisé The Australian. Selon le quotidien, la DCNS aurait laissé entendre que la fuite pourrait venir d’Inde plutôt que de France. Les données pourraient toutefois avoir été emportées hors de France en 2011 par un ancien officier de la marine française qui, à l’époque, était un sous-traitant de la DCNS.

Le Scorpène est équipé de la technologie la plus pointue et la plus protégée, faisant de lui le plus létal des sous-marins conventionnels de l’histoire, selon le site internet de la DCNS.

Le fait que ces documents arrivent en Australie n’est pas anodin, même si le pays a choisi un autre modèle de sous-marins océanique, dérivé du Barracuda français, deux fois plus gros que le Scorpène. L’affaire pourrait peser, sans le remettre en cause, sur le contrat de 50 milliards de dollars australiens, soit 34,3 milliards d’euros, attribué le 26 avril. D’autant que les discussions sont en cours pour organiser et répartir entre la France et l’Australie la fabrication des douze bâtiments de cette future génération de submersibles.