Une « décision de bon sens » et une « victoire du droit », a réagi le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, à propos de la décision du Conseil d’Etat, vendredi 26 août, de suspendre l’arrêté « anti-burkini » de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).

« Cette décision de bon sens va permettre de décrisper la situation, qui était marquée par une tension très forte parmi nos compatriotes musulmans, notamment chez les femmes », a ajouté M. Zekri, qui préside l’Observatoire national contre l’islamophobie au sein du CFCM.

Plusieurs députés socialistes se sont également réjouis de la décision du Conseil d’Etat. « La République a gagné », a tweeté Mathieu Hanotin, député socialiste de la Seine-Saint-Denis. « Le Conseil d’Etat dans son rôle. Loin de l’hystérie et de la politicaillerie », a renchéri Arnaud Leroy, député de la 5circonscription des Français hors de France.

Benoît Hamon, candidat à la primaire du PS, dit « se réjouir de la décision du Conseil d’Etat ». Pour le député socialiste des Yvelines, interrogé par Le Monde, « il s’agit d’un désaveu vis-à-vis de la position exprimée par Manuel Valls ». « Je suis frappé que le premier ministre ait ignoré que les arrêtés anti-burkini portent une atteinte grave et manifestement illégale, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat, aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. »

La droite et le FN veulent légiférer

Du côté du parti Les Républicains, l’heure n’est en revanche pas à la satisfaction. « Ce n’est pas le Conseil d’Etat qui gouverne et qui fait la loi en France. Les islamistes veulent faire reculer la République ; c’est la République qui doit faire reculer les islamistes », a déclaré Guillaume Larrivé, député de l’Yonne et porte-parole du parti. Il annonce préparer avec Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et futur porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy « une proposition de loi pour sécuriser les décisions des maires interdisant le burkini », qui sera présentée à l’Assemblée nationale en septembre.

Sur Twitter, Christian Estrosi a également diffusé une lettre adressée au premier ministre dans laquelle il lui demande de « prendre des mesures législatives pour lutter contre le burkini ».

Le Front national s’est dit, lui, outré par cette décision. « Le Conseil d’Etat a fait le choix de la soumission face aux pressions islamistes. Une décision consternante. Au peuple de reprendre la main », a réagi le secrétaire général du parti d’extrême droite, Nicolas Bay. « Le Conseil d’Etat, otage du juge socialiste Stirn, recule face au communautarisme. Il est temps de réarmer la République ! », s’est exclamé de son côté le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois.

Et la formation lepéniste de réclamer, comme une partie de la droite, la rédaction d’une loi pour interdire le port du burkini. « Face à la faiblesse du Conseil d’Etat, au législateur maintenant d’être responsable et d’interdire ce vêtement d’apartheid ! », a réclamé le vice-président du FN, Florian Philippot. Le parti présidé par Marine Le Pen milite pour l’interdiction de tout signe religieux ostentatoire dans l’espace public.

Nicolas Dupont-Aignan a aussi déploré la délibération du Conseil d’Etat et appelé le gouvernement à légiférer sur le burkini. « La tenue du burkini est incompatible avec nos mœurs, et plus précisément avec l’idée que l’on se fait en France des rapports entre les hommes et les femmes », a déclaré le président du parti souverainiste Debout la France. « Ce n’est pas seulement sur les plages de Cannes et de Villeneuve-Loubet mais sur l’ensemble du littoral et du territoire que le port du burkini comme celui de la burka doit être proscrit », a-t-il ajouté.