La première fois, on se pose la question : que fait une bande de « bikers » sur leurs motos tout-terrain au beau milieu des centaines de secouristes qui s’affairent dans les rues d’Amatrice, la ville détruite par le séisme du 24 août ? Mais, en les voyant zigzaguer entre les décombres, on commence à comprendre : ils ne sont pas là par hasard. Ce sont des amateurs de moto bénévoles venus donner un coup de main pour apporter rapidement des médicaments, des vivres, ou tout simplement des nouvelles à toutes les personnes se trouvant dans les endroits éloignés de la ville.

Le tremblement de terre a ravagé un territoire de montagne à l’habitat dispersé – on ne compte pas moins de 69 hameaux rien qu’à Amatrice. Les motos ont l’avantage de se faufiler là où les autres véhicules n’auraient pas pu accéder. Car beaucoup de routes sont bloquées par les effondrements de terrain provoqués par le séisme de mercredi et les répliques des jours suivants. C’est pourquoi les secours font régulièrement appel aux « bikers ».

Ce n’est pas la premières fois d’ailleurs qu’ils interviennent sur le terrain d’un tremblement de terre. Giuseppe, de Pérouse, a immédiatement enfourché sa moto pour apporter son aide, malgré ses 70 ans. Il l’avait déjà fait lors du séisme qui avait touché la ville d’Assise en 1997.

Le coordinateur du groupe, Mario Menicocci, 56 ans, raconte avoir organisé ce groupe en 2002, avec le soutien de la protection civile. Ils étaient également là après le tremblement de terre de L’Aquila, qui a fait plus de 300 morts en avril 2009.

Service à deux roues

Ce jour-là, il faut transporter des médicaments à Preta et à Retrosi, deux hameaux des alentours pratiquement inaccessibles. Alberto et Claudio ont déployé une carte de la région, même si le premier connaît bien les lieux. Il est d’ici. « Je vis à une heure d’Amatrice », confie Alberto. La nuit du séisme, il s’est précipité dans la ville dès qu’il a compris la gravité de ce qui venait de se passer.

« J’ai passé les premières heures à creuser à mains nues, comme beaucoup d’autres. Il fallait tout faire pour tenter de sauver des vies humaines. Puis, quand les autres copains ont commencé à arriver, j’ai rendu service avec ma moto, j’étais plus utile ainsi. »

Mercredi, ils étaient une douzaine à intervenir dans la zone touchée par le tremblement de terre. Le lendemain, ils n’étaient plus que sept, mais de nombreux autres clubs de moto appellent encore pour venir et organiser des roulements. Le service sur deux roues est assuré.

Cinq bikers sont enfin prêts à partir rejoindre les deux hameaux reculés. Alberto a trouvé la route, prêt à prendre les raccourcis que lui permet sa moto. Il n’a pas oublié de charger de l’eau dans son sac à dos. Isolés, les gens des hameaux ont besoin de tout. Mais les « anges sur deux roues » qui sillonnent les routes de montagne trouvent toujours le moyen d’arriver.