Emmanuel Macron le 3 août. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Le transgressif ministre de l’économie Emmanuel Macron, en passe de quitter le gouvernement mardi 30 août, s’est illustré à Bercy par plusieurs sorties de route. A contre-courant du gouvernement et de la gauche, il a essuyé de réguliers rappels à l’ordre et accumulé les réactions hostiles.

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« L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste »

En visite au parc d’attractions du Puy du Fou, le 19 août, à l’invitation de Philippe de Villiers, Emmanuel Macron répond aux journalistes : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste (…). Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre, vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l’intérêt général ».

Au pays des « promesses non tenues »

Le 12 juillet, lors du meeting de son mouvement En marche ! à la Mutualité à Paris, Emmanuel Macron décrit un pays « usé par les promesses non tenues ». « J’ai constaté à quel point le système ne voulait pas changer », déplore-t-il.

Le ministre de l’économie se place aussi en porte à faux avec le premier ministre, qui vient de se dire favorable à une interdiction du voile à l’université. « Je ne crois pas pour ma part qu’il faille inventer de nouveaux textes, de nouvelles lois, de nouvelles normes, pour aller chasser le voile à l’université, pour aller traquer ceux qui lors des sorties scolaires peuvent avoir des signes religieux ».

Le 14 juillet, François Hollande le menace implicitement de l’évincer s’il ne respecte pas « deux règles » : la « solidarité » gouvernementale et la nécessité de « servir jusqu’au bout » sans « démarche personnelle et encore moins présidentielle ».

Emmanuel Macron quitte Bercy en bateau, le 30 août. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

« La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler »

Le 27 mai, pris à partie par deux militants de la CGT à Lunel, dans l’Hérault, le ministre s’emporte : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler, lance-t-il. » Dix jours plus tard, il essuie des jets d’œuf alors qu’il vient célébrer les 80 ans du Front populaire à Montreuil.

Il ne s’agit pas « d’être l’ami ou l’ennemi » de la finance

En pleine polémique sur les salaires des dirigeants de Renault et PSA, il contredit François Hollande et Manuel Valls sur la question de la rémunération des patrons, jugeant, le 19 mai, que « la loi (n’est) pas la bonne méthode ». Il prend aussi ses distances avec le fameux discours du Bourget de Hollande en janvier 2012, en estimant qu’il ne s’agit pas « d’être l’ami ou l’ennemi » de la finance.

La vie des entrepreneurs « plus dure que celle d’un salarié »

En janvier, il déclare qu’un entrepreneur a souvent la vie « plus dure que celle d’un salarié », car « il peut tout perdre » et « a moins de garanties ». Avalanche de critiques, au Parti communiste, au Parti de gauche et à la gauche du PS.

Déchéance de nationalité ou « expulsion »

En janvier toujours, il prend ses distances avec la déchéance de la nationalité, en estimant « qu’on ne traite pas le mal en l’expulsant de la communauté nationale », et s’attire un rappel à l’ordre de Manuel Valls.

Pour plus de « mérite dans la rémunération des fonctionnaires »

Le 10 novembre 2015, M. Macron déclenche la polémique en se disant favorable à « accroître la part de mérite » dans la rémunération des fonctionnaires.

Etre élu, « cursus d’un ancien temps »

Le 28 septembre 2015, Emmanuel Macron assure à quelques journalistes qu’il ne veut « pas être député en 2017 », estimant qu’accéder aux plus hautes fonctions par l’élection est « un cursus d’un ancien temps ».

« L’expérience d’élu de terrain est irremplaçable », lui répond à distance Manuel Valls. « Macron… Comment vous dire ? Ras-le-bol ! ras-le-bol, voilà ! », s’était écriée quelques jours plus tôt Martine Aubry.

Les 35 heures et autres « fausses idées » de la gauche

A l’université d’été du Medef fin août 2015, le ministre lâche une phrase sur les « fausses idées » de la gauche, 35 heures en tête. « Pas de remise en cause du temps légal de travail et des 35 heures », doit préciser le premier ministre.

Et ce n’est pas la première fois. Juste après son installation à Bercy, fin août 2014, Le Point publie une interview d’Emmanuel Macron accordée la veille de sa nomination, dans laquelle il se dit favorable au fait d’autoriser « les entreprises et les branches à déroger » aux 35 heures, en cas d’accords avec les organisations syndicales. Tollé chez les syndicats. Rectification du gouvernement.

« Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires »

« L’économie du Net est une économie de superstars. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires », affirme Emmanuel Macron le 7 janvier 2015. Indignation au PCF et au FN, gêne au PS et ironie à droite.

Les salariés « illettrés »

Le 17 septembre 2014, il commet un faux pas dès sa première intervention en tant que ministre dans les médias, en parlant de salariés « illettrés » dans l’abattoir breton Gad. Il exprime ses « regrets » et se rend peu après sur place, pour s’excuser.

Pour Emmanuel Macron, « le grand saut dans l’inconnu »
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