Reconstitution d’un ours des cavernes au Musée d’histoire naturelle de Bâle. | Patrick Burgler.

Un régime purement végétarien peut mener à l’extinction d’une espèce. En effet, l’ours des cavernes (Ursus spelaeus), depuis longtemps disparu, aurait été victime de l’inflexibilité de son régime alimentaire. C’est ce qu’indique une étude parue le 11 août dans le Journal of Quaternary Science.

Cet ours géant, pouvant dépasser les 3,5 mètres de haut en position dressée, a vécu en Europe durant la dernière période glaciaire, il y a environ 400 000 ans. On estime que son extinction est survenue il y a 25 000 ans, mais les causes restent inconnues. Ce mystère a donné lieu à plusieurs spéculations. A-t-il subi une augmentation de la pression de chasse de la part des humains ? Un changement de température ou encore un manque de nourriture ?

Un collectif international de scientifiques s’est intéressé au régime alimentaire de l’ancêtre de l’ours brun. « Nous voulions savoir s’il pouvait y avoir un rapport entre leur régime alimentaire et leur extinction », indique dans un communiqué Hervé Bocherens, de l’université allemande de Tübingen, coauteur de l’étude, qui travaille sur cette hypothèse depuis les années 1990. Pour ce faire, les chercheurs ont examiné des os d’ours préhistoriques provenant de la grotte Goyet en Belgique. Le collagène de ces ossements et, plus précisément, leur composition isotopique ont été analysés.

Canines moins développées

S’il s’avère que les ours d’aujourd’hui sont omnivores, il semblerait que leurs homologues préhistoriques étaient beaucoup plus exclusifs. On savait déjà que, doté de canines moins développées que les molaires, l’ours des cavernes devait avoir un apport carné plus restreint que pour la majorité des ours. Mais les résultats de l’étude montrent qu’il était en fait complètement nul. « Comme le panda géant, l’ours des cavernes s’avère être complètement végétarien. Il était très inflexible en ce qui concerne sa nourriture, relève le biogéologue. Nous supposons que cette alimentation déséquilibrée, en combinaison avec la diminution de la masse de plantes disponibles pendant la dernière période glaciaire, a conduit à l’extinction de l’ours des cavernes. »

Afin de consolider leur hypothèse, les chercheurs ont l’intention d’analyser davantage d’ossements provenant de différentes localités à travers l’Europe. Ils envisagent également d’effectuer des expériences sur des ours bruns modernes, en contrôlant leur alimentation.