Des lycéens cherchent une orientation au Salon de l'étudiant, en novembre 2013. | AFP/Marion Ruszniewski

Ici une école de commerce reconnue, là une autre dont le nom n’évoque rien. Plus loin une prépa privée, une myriade de formations en apprentissage, des écoles de cascadeurs ou de cinéma, l’armée, des entreprises de baby-sitting… La liste des exposants des salons du mois de septembre a de quoi donner le tournis à n’importe quel jeune en recherche d’une formation de dernière minute – et à ses parents. Difficile de séparer le bon grain de l’ivraie parmi les établissements qui ont encore des places.

« La plupart des jeunes qui viennent ici en cette période nous disent : “Je n’ai toujours rien. Il me faut à tout prix, et rapidement, une place quelque part” sans toujours réfléchir à ce qu’ils ont envie de faire », commente Ferroudja Kaci, conseillère au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ) de Paris. Leurs profils ? Des bacheliers déçus par les choix proposés par la plateforme admission post-bac (APB), ou auxquels cette dernière n’a carrément rien proposé, et des étudiants en réorientation. Les conseillers sont là pour les aider à ne pas céder au stress en s’inscrivant n’importe où, et à réfléchir à leur orientation, dans la mesure des places disponibles.

BTS, DUT, universités… et surtout écoles privées

Les étudiants en mal de formation peuvent déjà compter sur la plateforme APB et sa « procédure complémentaire » qui se termine le 9 septembre. Vous y trouverez encore des places laissées vacantes en BTS ou en IUT, en prépa, en école de commerce ou d’ingénieurs, dans des formations paramédicales, etc.

Mais autant le dire tout de suite : les formations publiques font le plein en premier et vous avez une forte probabilité, en tant que retardataire, de devoir mettre la main à la poche pour vous inscrire dans un établissement privé.

Concernant la qualité de la formation, soyez confiants : tous les établissements présents sur le portail APB ont une reconnaissance et sont soumis à un contrôle pédagogique de l’Etat. L’université, qui accepte en théorie tous les néobacheliers, propose aussi de nombreuses places. Ne comptez toutefois pas trop sur les filières les plus prisées de type psychologie, droit, économie, études de santé, etc.

Que valent les écoles qui, en dehors du dispositif APB, proposent encore des places en septembre ? Les grandes écoles ayant bouclé depuis le mois de juin leur recrutement, après un lourd processus de sélection, il va falloir regarder attentivement du côté des autres, privées pour la plupart, et donc souvent chères (plus de 7 000 euros l’année).

Il est important de prendre du temps dans cette recherche. D’autant plus que de nombreuses écoles ne souhaitent pas crier sur les toits qu’il leur reste des places, de peur qu’on pense qu’elles proposent des formations au rabais. Faites d’ailleurs attention à celles qui communiquent beaucoup dessus.

Jeunes écoles et profils atypiques

On trouve d’abord parmi ces écoles privées beaucoup de « jeunes » écoles (moins de trois ans). Celles-ci ne bénéficient pas encore, ou ne souhaitent pas bénéficier, des accréditations de l’Etat, ou n’ont pas toujours la notoriété suffisante pour faire le plein avant septembre. « Il me restait des places faute de candidats seulement la première année », explique Anne Lalou, la directrice de la Web School Factory, école de management numérique créé en 2012, troisième du genre en France selon le magasine L’Usine nouvelle.

Elle organise de nouvelles sessions de recrutement les jeudis 8, 15 et 29 septembre. Alors que sortira cette année la première promotion de l’école dont les formations sont inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), la directrice explique faire « le choix » de garder 10 places par an en septembre pour les étudiants en reconversion, « de très jolis profils d’élèves qui apportent une richesse, une vraie maturité » dans la promotion. L’objectif est d’atteindre, à terme, « 40 % » d’étudiants en reconversion pour 60 élèves.

Nouveaux diplômes, numérique et alternance

Les places restantes peuvent aussi correspondre à une nouvelle formation ou un nouveau diplôme dans un établissement plus ancien. C’est le cas pour l’ESME Sudria, école d’ingénieurs du groupe Ionis, vieille de plus de 100 ans et membre de la Conférence des grandes écoles (CGE), qui est présente sur les salons de rentrée pour promouvoir son nouveau BTS « systèmes numériques ».

« Cette formation a ouvert en cours d’année et est encore peu connue, explique Isabelle Koehl, responsable de l’apprentissage et de la formation continue. Et lorsque l’on fait le choix de ne pas passer par APB il faut se faire connaître différemment. » La sélection des candidats de septembre, affirme-t-elle, est pourtant aussi drastique que pour les autres « même si on s’appuie plus sur la motivation que sur le dossier académique ».

Ces nouvelles formations proposent surtout des cursus, depuis quelques années, dans le secteur du numérique ou du big data. Le Centre de formation des apprentis (CFA) du CNAM d’Ile-de-France présente ainsi cette année son master « Méga données et analyse sociale » sur les salons de rentrée. « Les classes sont plus faciles à remplir avec des formations initiales, sans alternances », confie Pauline Bompard, la responsable de la communication de l’école.

Trouver une entreprise avant son alternance rebute en effet plus d’un élève. C’est ce qui explique que vous croiserez aussi en septembre beaucoup de formations en apprentissage qui sont pourtant bel et bien reconnues.

Une question d’accréditation

Quel que soit le profil de l’établissement, il faut faire « attention aux plaquettes de présentation formidables », prévient Martine Vanhamme-Vinck, directrice du CIO Mediacom. Car « le plus important quand on cherche une formation est de vérifier la reconnaissance du diplôme en tant que tel par l’Etat et les professionnels". Une vigilance d’autant plus essentielle que certains établissements sont passés maîtres dans l’art de jouer sur les ambiguïtés de formulation et la complexité du système pour afficher des « labels » qui n’en sont pas.

Les labels à suivre

La prudence est conseillée pour les écoles qui ne figurent dans aucun classement et ne bénéficient d’aucune accréditation ou label. Mieux vaut alors regarder de près les programmes, les qualifications des professeurs ainsi que les commentaires des anciens élèves.

La certification de l’Etat

Elle n’est décernée pour une école ou une formation qu’après trois années d’existence en fonction de la qualité de l’équipe enseignante, du ­contenu des cours, du taux d’insertion sur…

« Choisir de s’arrêter »

Depuis quelques années, l’Onisep a mis en place un moteur de recherche de ces formations qui précise si elles détiennent ou non ces reconnaissances. Si ce n’est pas le cas mais que l’établissement en question vous intéresse, ne vous contentez pas d’Internet ou de ce qu’on vous raconte. Pour vérifier le sérieux d’une école Martine Vanhamme-Vinck conseille de prendre le temps de « vérifier l’existence d’un réseau des anciens -et les contacter, d’un suivi de leur insertion professionnelle, de l’existence de liens avec les entreprises »

Et de conclure avec un dernier conseil : « Il ne faut jamais se précipiter dans une formation ». Dernière solution : même si l’année de césure met du temps a s’installer en France, il peut être profitable de s’arrêter six mois ou un an pour réfléchir à son projet, partir à l’étranger ou faire un service civique"