Déferlante de supporteurs sur la piste de Monza (6 septembre 2015) : la ferveur des Italiens pour « leur » Grand Prix ne suffit pas à garantir la rentabilité financière du circuit. | GIAMPIERO SPOSITO / REUTERS

Et si le circuit de Monza accueillait ce week-end son dernier Grand Prix de formule 1, faute d’avoir réussi à trouver un accord avec le promoteur et financier de la F1 Bernie Ecclestone ? La menace pèse depuis quelques semaines mais le pire devrait être évité, en partie grâce à l’implication de la région de Lombardie.

Son président, Roberto Maroni, l’a annoncé mercredi 31 août ; Luca Lotti, sous-secrétaire du cabinet du premier ministre, l’a confirmé le même jour, selon le site de L’Equipe. Le mythique tracé situé dans le Parc royal de la banlieue de Milan, dont le contrat avec la Formula One Management (la FOM, productrice du championnat de F1) dirigé par Ecclestone, arrive à échéance en décembre, accueillera les trois prochaines éditions du Grand Prix d’Italie.

Un accord a été trouvé, a affirmé en conférence de presse, le président de l’Automobile Club d’Italie (ACI) Angelo Sticchi Damiani. Selon La Gazzetta dello Sport du 30 août, l’ACI paiera 68 millions d’euros à la FOM pour accueillir la compétition jusqu’en 2019, grâce à une contribution de 15 millions d’euros de la région de Lombardie.

Depuis quatre mois, les négociations patinaient. Le patron de la FOM réclamait 25 millions d’euros par an, soit 75 millions d’euros sur trois ans. L’écart n’est pas immense. « Je serais étonné que l’on ne parvienne pas à un accord », a-t-il d’ailleurs déclaré à La Gazzetta dello Sport, le 30 août. Mais depuis, aucune confirmation.

Monza, fief de la Scuderria, porte « ses » pilotes – ici, Sebastian Vettel au volant de sa Ferrari le 6 septembre 2015. | ANDREAS SOLARO / AFP

« Si les autorités compétentes font blocage, alors la F1 dira au revoir à l’Italie »
Bernie Ecclestone, patron de Formula One Management

Aucune déclaration non plus de la direction du circuit d’Imola, où s’est couru le Grand Prix de San Marin jusqu’en 2006, et qui avait postulé à l’organisation du Grand Prix d’Italie 2017, en cas de désistement de Monza. Le grand argentier de la F1 s’est emparé de la rivalité entre les deux villes latines, avec la provocation légendaire qui caractérise l’octogénaire. « Nous avons essayé de trouver une solution avec Monza, mais cela n’a pas été possible car le problème est trop politique », déclarait M. Ecclestone en juin à l’agence de presse italienne ANSA.

« Nous voulons désormais déplacer le Grand Prix d’Italie à Imola, et il y a un accord entre les responsables du circuit et la Formula One Management. Mais si les autorités compétentes font blocage, alors la F1 dira au revoir à l’Italie. » Une alternance entre les deux circuits, selon le modèle allemand, entre Nürburgring et Hockenheim, a même été envisagée.

Déjà, Angelo Sticchi Damiani rassurait. « Nous avons trouvé un accord et nous préparons une offre qui sera envoyée à la FOM dans les prochains jours, probablement demain. A ce stade, il n’y a plus le moindre problème politique », déclarait-il à La Gazzetta dello Sport.

« Ici en Europe, il y a l’ADN de la course »
Angelo Sticchi Damiani, président de l’Automobile Club d’Italie

Aujourd’hui, il justifie. « Nous savons que l’Europe a beaucoup d’organisateurs en crise, alors que quelques destinations [terres d’accueil de Grand Prix de F1] comme la Turquie, la Corée du Sud ou l’Inde ont été de courte durée. Nous avons vu que c’est une question d’argent mais aussi de culture. Ici en Europe, il y a l’ADN de la course. »

A Monza plus qu’ailleurs. Aucun autre circuit n’a accueilli autant de compétitions de F1 que Monza, fief de la Scuderia Ferrari, ville hôte du premier Grand Prix d’Italie en 1950. Depuis, il n’a fait l’impasse qu’une seule année, en 1980, au profit d’Imola, justement.

Le patron de la FOM Bernie Ecclestone en conversation avec le champion du monde et pilote Mercedes Lewis hamilton, à Monza lors du Grand Prix 2015. | ANDREAS SOLARO / AFP

Un accord qui reste à ratifier par Bernie Ecclestone. Roué et imprévisible, surtout lorsqu’il s’agit d’argent. Il l’a encore prouvé cet été, en refusant de payer les ravisseurs de sa belle-mère, la Brésilienne Aparecida Schunck Flosi Palmeira, 67 ans, enlevée le 22 juillet à Interlagos, ville hôte du Grand Prix du Brésil, dans la banlieue de Sao Paulo. Là même où il a fait connaissance de sa fille, Fabiana Flosi, qu’il a épousée en 2012 – alors qu’elle n’avait que 31 ans et lui un demi-siècle de plus.

Les ravisseurs réclamaient 120 millions de réais (près de 33 millions d’euros) selon l’hebdomadaire Veja. Une porte-parole de M. Ecclestone à Londres s’était alors refusée à tout commentaire, mais des sources policières affirmaient à l’AFP que la famille n’avait pas payé la rançon exigée. Ce qui n’a pas empêché la police de retrouver la pauvre femme neuf jours plus tard saine et sauve…