Dans une école maternelle d’Hérouville-Saint-Clair. | MYCHELE DANIAU / AFP

Les enseignants ne sont pas les seuls à faire grève à la rentrée. Cette année, les animateurs des services périscolaires lancent un mouvement social dès le lundi 5 septembre. Cinq syndicats du secteur (CFDT F3C, CFTC, EPA-FSU, SEP UNSA et UNSA territoriaux) dénoncent le « passage en force » du gouvernement, qui a publié au cœur de l’été, le 1er août, un décret officialisant la réduction du taux d’encadrement des enfants pris en charge dans le cadre d’un projet éducatif territorial.

Il s’agit, en fait, de pérenniser un assouplissement déjà mis en place en 2013 pour accompagner la réforme des rythmes périscolaires. Concrètement, le taux minimal d’encadrement est passé d’un animateur pour 10 enfants de maternelle (moins de 6 ans) à un animateur pour 14 enfants. En primaire, le ratio passe de 14 à 18 enfants pour un seul adulte.

« Des enfants constamment dans une masse »

Le décret de 2013 prévoyait une expérimentation pour trois ans, suivie d’une évaluation. « Or, le nouveau décret pérennise ce taux d’encadrement sans dialogue ni évaluation de l’impact, déplore Marie Baggio, secrétaire générale adjointe du SEP-UNSA. Quatre enfants de plus, ça n’a l’air de rien, mais ça compte pour faire des activités de qualité. »

« Le plus difficile, c’est pour les petits, avec l’ouverture de l’école à partir de 2 ans. On sort l’enfant d’une classe de 20 ou 25 élèves pour le mettre dans un groupe de 14. Ils restent constamment dans une masse. A aucun moment, on n’a une approche individualisée, sans parler des problèmes spécifiques comme la sieste. »

Selon un sondage réalisé en mars par le Journal de l’animation, auprès de 2 900 personnes, les animateurs assurent constater en grande majorité une « dégradation de la qualité éducative » (à 88 %), de la sécurité des mineurs (82,5 %) et des conditions de travail (84 %).

L’inconnue de la mobilisation

Après une mobilisation en ligne, par le biais d’une vidéo, des affiches humoristiques et une pétition en ligne, l’intersyndicale a appelé à une grève nationale le lundi suivant la rentrée (la CGT ayant préféré la date du 19 septembre), et à des manifestations devant les mairies. Difficile pourtant de savoir si le mouvement sera suivi.

« Au niveau de l’UNSA, il y aura du mouvement à Lorient, en banlieue parisienne, en Dordogne, en Midi-Pyrénées, à Lyon et Marseille…, détaille Marie Baggio. Mais c’est la première grève nationale dans un secteur très peu syndiqué. Beaucoup d’animateurs ont aussi des contrats précaires, de 10, 20 ou 24 heures, et ne peuvent pas se permettre de perdre un jour de salaire. D’autres sont mis sous pression par les communes et craignent de se faire remarquer. 

Outre le retour à un meilleur taux d’encadrement des élèves, les syndicats demandent une meilleure reconnaissance du métier d’animateur, en différenciant clairement le brevet professionnel, formation reconnue d’un an, et le BAFA (brevet d’aptitude à la fonction d’animateur), diplôme non professionnel délivré après seulement trois semaines de cours théoriques et des stages.

Les affiches de l’UNSA appelant à la grève du 5 septembre.