L’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, à La Baule, le 4 septembre. | Michael Zumstein / Agence VU' pour "Le Monde"

Nicolas Sarkozy a pris la parole dimanche 4 septembre pour conclure l’université d’été régionale du parti Les Républicains (LR) à La Baule (Loire-Atlantique). Après un week-end où les différents candidats à la primaire se sont soigneusement évités tout en s’affrontant à fleurets mouchetés, l’ancien président a longuement évoqué la nécessité et les dangers de la primaire.

« C’est un changement majeur, c’est un choix cohérent. Quand on a des extrêmes à ce niveau-là, on ne peut pas se payer le luxe d’avoir plusieurs candidatures [au premier tour de la présidentielle] », a déclaré l’ancien président de la République avant d’énumérer les « exigences » de ce scrutin : « Le choix que vous ferez devra être respecté par tous. (…) Sur la division, on ne construit rien. »

« Je ne crois pas à un code de bonne conduite »

Devant les militants, M. Sarkozy a ainsi rappelé que le futur vainqueur ne devrait pas être « soutenu du bout des lèvres » et que la droite ne devait pas être un « champ de ruines » après les deux tours des 20 et 27 novembre. Il s’est, par contre, dit opposé à l’idée d’un code de bonne conduite proposé par Alain Juppé, samedi 3 septembre. « Je ne crois pas à un code de bonne conduite, je crois à la bonne conduite », a expliqué l’ancien chef de l’Etat qui s’est engagé à respecter ses propres consignes : « Je ne répondrai pas aux attaques personnelles. Comptez sur moi pour ne pas souffler sur des braises qui n’ont pas besoin d’être attisées. »

Un appel au calme ponctué pourtant de piques à l’égard de ses « anciens ministres » : « Je n’ai pas d’adversaires, pas d’ennemis, je n’ai que des concurrents. Je ne vais pas critiquer ceux qui ont été dans mon gouvernement. » Ou de critiques subliminales destinées autant à Emmanuel Macron, ministre de l’économie démissionnaire, qu’à Alain Juppé : « Quand on me dit qu’on veut mettre un peu de gauche dans un projet de droite, c’est la voie la plus directe vers le statu quo. »

En se drapant dans le costume du chef apaisant, l’ancien président du parti Les Républicains flatte la base du parti alors que la rentrée de la droite a été éruptive entre des candidats chauffés à blanc par la perspective de l’alternance. Encore une fois, Nicolas Sarkozy s’est posé en rassembleur, en patron d’une famille qu’il avait, selon lui, retrouvé en ruines en 2014 après un « conflit inouï » entre François Fillon et Jean-François Copé en 2012. Une stratégie mise en place de longue date. L’ancien chef de l’Etat est persuadé que les militants seront « le premier étage de la fusée » qui entraînera le reste de l’opinion. Et il soigne ses fans.

Séance de dédicaces

Dimanche matin, avant d’arriver sur le lieu de l’université d’été, il s’est mis en scène lors d’une séance de dédicaces dans une librairie. Un moment de communication très organisé puisque la fédération LR de Loire-Atlantique avait envoyé un e-mail à tous les militants pour les prévenir de l’heure et de l’adresse de la librairie.

Pour remporter la primaire, M. Sarkozy compte sur la droitisation de l’électorat. Dimanche, il a répété sa volonté de légiférer contre le burkini « sur les plages et dans les piscines » et contre le voile à l’université pour « protéger » les étudiantes musulmanes de la « tyrannie des minorités ». Et pour justifier son idée de suspendre le regroupement familial, une proposition « inhumaine », selon Alain Juppé, le candidat à la primaire s’est lancé dans une analyse de la démographie africaine, citant le « taux de natalité de 8 enfants par femme au Sahel » et les « 100 % de flux migratoire vers l’Europe » en provenance de cette région. « Ce qui est inhumain, c’est d’accepter des gens pour qui nous n’avons pas de logement, pas de moyens », a estimé M. Sarkozy.

« Ne fermons rien. Ne cadenassons rien »

La candidate à la primaire à droite, Nathalie Kosciusko-Morizet, le 4 septembre à La Baule. | Michael Zumstein / Agence VU' pour "Le Monde"

Quelques minutes plus tôt, c’est l’ancienne numéro deux du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet qui s’est exprimée. La députée de l’Essonne, toujours à la recherche de ses parrainages, a lancé un appel aux militants. Très éloignée de la ligne droitière de M. Sarkozy, elle veut faire vivre ses idées. « C’est vrai que la primaire, ce n’est pas forcément notre culture. Mais c’est la culture des temps qui changent. (…) Nous nous enrichissons les uns les autres. Mes idées ne sont pas forcément toutes majoritaires. Il en est souvent ainsi de ceux qui choisissent d’être à l’avant-garde », a expliqué l’ancienne ministre de l’environnement qui a toujours répété que la diversité des idées ferait automatiquement augmenter la participation :

« Ne fermons rien. Ne cadenassons rien. (…) Quand les idées s’affrontent, les ego s’éloignent. Quand les idées se confondent, les ego se combattent. »

NKM a jusqu’au 9 septembre pour trouver ses parrainages. Il lui manque encore les signatures d’environ cinq parlementaires et 500 adhérents. Si elle n’arrive pas à les trouver, il n’y aura sans doute aucune femme candidate à la primaire de la droite puisque Nadine Morano ne semble pas en mesure de les obtenir. « [Si c’est le cas], la primaire ne dira pas non plus aux 52 % de Français qui sont des Françaises, que nous sommes un parti moderne, dans son époque », a analysé NKM, dimanche 4 septembre.

L’absence de femmes candidates serait une mauvaise nouvelle pour le parti LR qui a encore beaucoup à faire au niveau de la parité. Chaque année, le parti voit ses dotations de l’Etat être baissées de 4 millions d’euros, car il a enfreint la loi en présentant moins de 30 % de femmes aux législatives en 2012. Lors de ce week-end, seules trois femmes, dont Nathalie Kosciusko-Morizet et Madeleine de Jessey, porte-parole de Sens commun, se sont exprimées alors que 29 hommes sont montés à la tribune. M. Sarkozy a eu des mots d’amitié pour NKM, mais il n’a pas appelé à la parrainer, contrairement à Alain Juppé qui, le 15 août, avait déclaré à Hossegor (Landes) : « J’encourage vivement mes amis à parrainer Nathalie. (…) Ce serait déplorable qu’il n’y ait pas de femmes à la primaire. »