C’est bien connu, l’obésité est devenue un marqueur social. Plus on est riche, plus on est mince. Est-ce pour cela que certaines entreprises entament des régimes drastiques pour retrouver la fortune ? C’est semble-t-il le calcul de Hewlett-Packard qui n’en finit pas de maigrir. A tel point que l’on se demande ce qu’il restera de l’éphémère numéro un mondial de l’informatique dans quelques années.

Après avoir enchaîné les plans de restructuration et de licenciements, la firme s’est finalement scindée en deux en novembre 2015 : d’un côté les PC et les imprimantes, de l’autre l’informatique pour les entreprises. Puis en mai, cette dernière société, appelée HP Enterprise, a lâché son activité de services, qui employait 100 000 personnes, et enfin, on apprend en ce début septembre qu’elle pourrait cette fois se séparer de son activité logiciels. Selon l’agence Reuters, les fonds d’investissement Thoma Bravo et Vista Equity seraient preneurs pour 8 à 10 milliards de dollars (7,1 à 8,9 milliards d’euros).

Au total, HP Enterprise se sera délestée en moins de six mois de la moitié de son chiffre d’affaires. Et ça marche ! Du moins financièrement. Depuis son introduction en Bourse en 2015, le titre HPE a bondi de 30 %, et la rumeur de la dernière vente a encore profité au cours. La division logiciels était pénalisée par l’acquisition en 2011 de la société britannique Autonomy pour 11 milliards de dollars. Cette opération catastrophique s’est terminée dans les recours judiciaires et a conduit HP à passer plus de 8 milliards de provisions. Selon un analyste cité par le Wall Street Journal, HP aurait dépensé près de 20 milliards de dollars en acquisitions dans ce domaine pour au final se retrouver en 2015 avec une activité réalisant moins de 4 milliards de chiffre d’affaires.

Comme un syndic de faillite

HP Enterprise se recentre sur le seul métier sur lequel elle affiche encore un peu de croissance, les infrastructures informatiques pour les centres de données, très demandées aujourd’hui avec le développement du cloud computing. Un choix par défaut mais bien surprenant. A l’heure où les acteurs de l’informatique, comme IBM ou Cisco se réfugient plutôt dans le logiciel et les services, à plus forte valeur ajoutée, HP, comme dans les PC, se spécialise dans du matériel très concurrencé par les acteurs asiatiques et moins différenciant.

Meg Whitman, la PDG de HP Enterprise, à l’origine de tous ces mouvements, semble agir comme un syndic de faillite. Elle valorise les activités au maximum pour les vendre et rendre l’argent aux actionnaires. Et quand tout cela sera fini, le dernier n’aura plus qu’à éteindre la lumière. Cette triste histoire illustre un virage majeur dans l’industrie américaine ou la croissance, et donc le pouvoir, passe des acteurs de l’informatique vers ceux du numérique, d’IBM, HP, Dell ou Oracle vers Google, Apple, Facebook ou Amazon, mais aussi Uber ou Airbnb. La fin d’un monde.