Sur le stand LG au salon IFA de Berlin, le 2 septembre. | STEFANIE LOOS / REUTERS

Dans les allées de l’IFA, le salon de l’électronique grand public qui se tient actuellement à Berlin, la maison connectée se décline à toutes les sauces. Cafetière, machine à laver, réfrigérateur, four, thermostat, ampoules, serrures ou même vannes de radiateurs… rien ne semble échapper à cette tendance du tout connecté. Sous les regards à la fois intrigués et fascinés des visiteurs, constructeurs de renommée mondiale et start-up dévoilent leurs dernières innovations en la matière.

Le fantasme de la maison connectée où tous nos appareils électroménagers devanceront nos moindres désirs sans que nous ayons à bouger le petit doigt n’est pas nouveau. Dans la célèbre trilogie de Robert Zemeckis, Retour vers le futur, sortie au cours des années 1980, Marty McFly, le héros, se retrouvait déjà propulsé en 2015 dans une maison futuriste où les lumières se déclenchaient dès qu’elles détectaient un nouvel arrivant dans la pièce et où les appareils électriques se contrôlaient par la voix.

Grâce au développement d’Internet et des réseaux de communication, cette vision futuriste est aujourd’hui une réalité bien tangible. Le marché de la maison intelligente connaît un véritable essor ces dernières années et suscite la convoitise d’une multitude d’acteurs, des géants de l’Internet aux grands groupes d’électronique, en passant par les opérateurs télécoms et une pléthore de jeunes entreprises, tous désireux de se tailler une part de cet immense gâteau.

Taux de pénétration du marché encore faible

D’ici à 2020, ce sont près de 50 milliards d’objets dans le monde qui devraient être connectés et d’ici à 2022, une maison « classique » devrait en intégrer plus de 500, selon une récente étude de l’agence Joshfire, spécialisée dans ce secteur.

Des chiffres ambitieux qu’il faut prendre avec des pincettes. Pour le moment, peu de particuliers ont encore succombé, même si beaucoup plébiscitent les avantages de ces produits, notamment en matière de gestion des dépenses d’énergie, de sécurité ou de divertissement.

« Le taux de pénétration de ce marché est encore faible, de l’ordre de 2 % à 3 %, mais, d’ici cinq à dix ans, toute la maison sera connectée. Nous n’en sommes encore qu’aux débuts », constate Alain Molinié, le fondateur d’AwoX. Cette entreprise montpelliéraine commercialise des ampoules intelligentes qui intègrent des caméras de surveillance, des diffuseurs de parfums d’intérieur ou encore des enceintes pour écouter de la musique et sont pilotables à partir de son smartphone et de sa tablette. « Les particuliers ont une vraie appétence pour les objets connectés. Notre chiffre d’affaires est passé de 4,7 millions d’euros en 2012 à plus de 11 millions d’euros en 2015, et nous détenons désormais 35 % des parts du marché de l’ampoule connectée en France au coude-à-coude avec Philips », poursuit-il.

Une vitre de bibliothèque devient télévision

Les géants de l’électronique et de l’Internet multiplient les innovations. Sur le stand de Panasonic à l’IFA, la marque présente une maison intelligente où l’électroménager connecté s’intègre directement au mobilier : la vitre transparente de la bibliothèque du salon se transforme en écran de télévision haute définition, tandis que la table à manger, bardée de capteurs, fait office de micro-ondes pour réchauffer une assiette dès qu’on la recouvre d’une cloche. « Il ne s’agit pas simplement de connecter les appareils. Il faut surtout offrir à nos clients des usages simples, utiles et qui soient le plus invisibles possibles en se fondant dans leur environnement », explique Laurent Abadie, directeur général de Panasonic Europe.

C’est justement pour simplifier la vie des consommateurs que les assistants virtuels se développent. De quoi s’agit-il ? D’appareils aux allures d’enceintes qui permettent de contrôler tous les objets connectés de la maison par la voix. A l’image d’Amazon avec Echo, tous les acteurs s’y intéressent. « C’est le marché de demain. Dans quelques années, nous contrôlerons tout par la voix et les gestes », estime Raoul de Gélis, directeur général de Sony Mobile France.

Des risques pour la préservation de la vie privée

Ces innovations ont toutefois un coût. Le réfrigérateur connecté présenté par Samsung, qui permet entre autres de contrôler à distance son contenu ou d’être alerté des dates de péremption des produits, devrait être commercialisé en France au début de l’année prochaine à plus de 6 000 euros. De quoi décourager de nombreux acheteurs. « Le coût de ces produits à l’achat, lors de l’installation, combiné au montant de l’abonnement mensuel aux services qui y sont liés, reste le principal frein des consommateurs », souligne Thomas Husson, analyste chez Forrester.

L’autre grande réticence des usagers à l’adoption de ces objets connectés tient à la préservation de la vie privée. Les consommateurs restent méfiants sur l’utilisation qui peut être faite des données collectées par ces appareils qui enregistrent tout de leurs habitudes quotidiennes. La question de leur sécurité reste également un enjeu de première importance. Lors de la Def Con, une conférence de hackers, qui s’est tenue en août, les participants se sont ainsi amusés à pirater des serrures connectées pour montrer les failles de ces nouveaux objets.