Afin de faire pression sur le gouvernement pour obtenir un démantèlement au plus tôt de la « Jungle », les commerçants et acteurs économiques de Calais doivent mener lundi 5 septembre au matin une double opération escargot et effectuer une chaîne humaine. Pour eux, le camp de la Lande où vivent entre 6 900 migrants d’après la préfecture et plus de 9 000 selon les associations, fragilise l’économie de la région.

En dépit de la visite du ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve vendredi à Calais et de l’annonce du démantèlement prévu du plus grand bidonville de France, cette opération coup de poing, la première de ce type organisée depuis le début de la crise migratoire, a été maintenue.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a annoncé le démantèlement progressif de la « Jungle », le bidonville proche de Calais où s’entassent réfugiés et migrants qui veulent se rendre au Royaume-Uni. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

« Vous aimez votre ville, votre port. Vous désirez que la situation change à Calais. Malgré les annonces faites par le ministre de l’intérieur, la sécurisation n’est pas assurée. L’urgence n’est pas traitée, nous maintenons la manifestation », a affirmé sur sa page Facebook le Grand rassemblement du Calaisis, qui se présente comme un mouvement « citoyen et apolitique ».

Les transporteurs exigent une « sécurisation immédiate »

A 6 h 30, des agriculteurs et des transporteurs routiers doivent se rassembler à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et à Loon-plage, près de Dunkerque, pour démarrer à 7 h 30 une opération escargot avec comme destination Calais. Selon les organisateurs, près de 80 camions seront mobilisés ainsi qu’une centaine de tracteurs, en comptant les deux opérations escargots.

« Certes, M. Cazeneuve a annoncé le démantèlement, mais on a besoin d’une sécurisation immédiate. Si le démantèlement a lieu dans trois mois, il va y avoir pendant trois mois de nouvelles agressions de transporteurs ou des violences sur les particuliers. Il faut traiter au plus rapide », a déclaré à l’AFP David Sagnard, président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) du Pas-de-Calais.

A 9 heures, une chaîne humaine composée des commerçants de Calais et des employés du port devrait se former à proximité du stade de l’Epopée, qui est situé non loin de la rocade portuaire et de la « Jungle ». Entre 300 et 500 personnes pourraient y participer, selon Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif des entreprises et commerces du Calaisis.

Vers 10 heures, les camions et les tracteurs, dont certains seront équipés de remorques agricoles, doivent « ramasser » les manifestants formant la chaîne humaine pour les intégrer à leur convoi qui devrait s’arrêter non loin de la sortie menant au tunnel sous la Manche, avec comme objectif de bloquer l’autoroute A16.

En prévision de ces perturbations, la préfecture du Pas-de-Calais invite les usagers de la route à ne pas emprunter l’autoroute A16 entre Boulogne et Dunkerque au cours de la journée, et de ne circuler que sur les réseaux national, départemental et communal.

La solution de Nicolas Sarkozy : un « hotspot » en Grande-Bretagne

Vendredi, Bernard Cazeneuve avait annoncé la « fermeture la plus rapide possible » du camp de la Lande, sans donner de calendrier.

Interrogé par le journal La Voix du Nord, le candidat à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle de 2017, Nicolas Sarkozy, a suggéré la création d’un « centre fermé » outre-Manche, afin de traiter les demandes d’asile de migrants souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne.

« Puisque la plupart de ces étrangers viennent à Calais pour passer en Grande-Bretagne, je veux que nos amis britanniques assument désormais le traitement des demandes de ceux qui veulent l’asile chez eux, dans un centre fermé, en Grande-Bretagne, et assument également le retour de ceux qui seront déboutés », a-t-il affirmé.