• Robert Schumann
    Papillons. Carnaval. Davidsbündlertänze

    Philippe Bianconi (piano)

Pochette de l’album consacré à Robert Schumann par le pianiste Philippe Bianconi. | LA DOLCE VOLTA/HARMONIA MUNDI

Opportunément sous-titré « Doubles et masques », cet album aux multiples séductions est un modèle de mise en scène. Le livret accueille une série de portraits du pianiste Philippe Bianconi renouvelant la donne vestimentaire en blanc (chemise) et noir (costume, cravate, etc.). Les œuvres, ensembles de miniatures, transcendent le principe du travestissement musical cher à Schumann. Quant au jeu de Philippe Bianconi, il procède d’une science de l’éclairage et de la figuration qui magnifie chaque scène ciselée par le compositeur. Par exemple, sous l’égide des Papillons, où chacun semble avoir un rôle bien précis. Le premier invite au parcours paisible alors que le deuxième traverse le ciel par surprise et que le troisième s’impose en chef d’escadrille (si cela existe chez les lépidoptères). Tous semblent guidés par un poète – enfant rieur ou adulte rêveur. Il en va de même des acteurs exaltés qui animent le Carnaval intimiste et les spectaculaires Davidsbündlertänze. Pierre Gervasoni

1 CD La Dolce Volta/Harmonia Mundi.

  • The Bad Plus
    It’s Hard

Pochette de l’album « It’s Hard », du trio The Bad Plus. | OKEH/SONY MUSIC

Le trio américain The Bad Plus, fondé au début des années 2000 à Minneapolis (Minnesota), a gagné sa réputation et un public large à la fois par une manière assez rock de concevoir le format classique du jazz piano-basse-batterie et par de nombreuses reprises, lors des concerts ou disséminées sur leurs albums, de chansons pop et rock. En 2008, For All I Care était même un disque uniquement constitué de reprises par Ethan Iverson (piano), Reid Anderson (basse) et David King (batterie). Dont Lithium, de Nirvana – le groupe de Kurt Cobain est régulièrement au programme avec The Bad Plus –, Long Distance Runaround, de Yes, ou How Deep Is Your Love, des Bee Gees. Les plus « sérieux » Ligeti, Babbitt et Stravinsky étaient aussi de la partie. Voici It’s Hard, sur le même modèle. Plutôt réussi, de Maps, des Yeah Yeah Yeahs, méconnaissable, à Broken Shadows, d’Ornette Coleman, très respectueux. On s’arrêtera ici surtout sur le traitement fidèle aux originaux de Peter Gabriel, Time After Time, tube de Cyndi Lauper – Miles Davis l’avait déjà traité – ou I Walk the Line de Johnny Cash. Et surtout, dans une perspective sobre et dépouillée, sur The Beautiful Ones, de Prince ou Don’t Dream It’s Over, de Crowded House. Sylvain Siclier

1 CD Okeh/Sony Music.

  • DJ Snake
    Encore

Pochette de l’album « Encore », de DJ Snake. | INTERSCOPE/POLYDOR

DJ Snake, c’est le DJ français qui a réussi aux Etats-Unis avant d’être reconnu en son pays. Lui, le gamin de la banlieue Nord de Paris, émerveillé par le passe-passe de Cut Killer dans le film La Haine, mettra un peu de temps à imposer sa griffe musicale hors des sentiers battus de la French Touch. Repéré en coproduction sur l’album de Lady Gaga, Born This Way, il est propulsé en 2014 avec Turn Down for What, son titre en partenariat avec le rappeur d’Atlanta, Lil John, puis avec le Lean On de Major Lazer, en 2015. Habitué des pistes de danse et aux sommets des charts, il n’avait jamais encore sorti d’album en son nom. C’est chose faite avec Encore, qui s’ouvre sur un hommage à l’autoroute qu’il empruntait régulièrement dans sa banlieue, l’A86. Le DJ résident des clubs de Las Vegas fait rarement dans la demi-mesure en matière de gros son mais démontre ici ses talents de directeur artistique en choisissant de très bons vocalistes comme JRY pour le tendre Sober, ou George Mapple pour Talk. L’ami Skrillex est aussi de la partie pour Sahara ainsi que les rappeurs Young Thug pour le très bon The Half, ou Travis Scott et Migos pour le vaporeux Oh Me, Oh My où Snake s’essaie avec succès au hip-hop. Stéphanie Binet

1 CD Interscope/Polydor.