Xi Jinping, le président chinois, et Barack Obama, le president des Etats-Unis, lors de la ratification de l’accord de Paris à Hangzhou, en Chine, le 3 septembre. | How Hwee Young / AP

Editorial. C’est un grand bond en avant. La Chine et les Etats-Unis ont ratifié, en marge du G20 de Hangzhou, l’accord conclu le 12 décembre 2015 à Paris pour endiguer le réchauffement climatique. Près de neuf mois après la COP21, les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre envoient un signal aux 195 nations qui ont participé au rendez-vous onusien.

Sans ratification, l’accord de Paris, fruit de plus de vingt ans d’âpres négociations, restera lettre morte. Pour entrer en vigueur, le traité doit être ratifié par au moins 55 Etats représentant au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’alors, seule une vingtaine de petits pays l’avaient approuvé, cumulant à peine plus de 1 % des émissions mondiales. La Chine et les Etats-Unis y contribuent à eux deux pour près de 40 %. Pékin et Washington transforment le seuil utopique des 55 % en hypothèse crédible.

En attendant l’Europe, l’Inde et la Russie

La ministre de l’environnement, Ségolène Royal, qui préside pour deux mois encore la COP21, a salué une « très bonne nouvelle pour la planète ». Laurent Fabius, qui l’avait précédée à ce poste, exhortait mardi 30 août « les cinq premiers émetteurs mondiaux de C02 » – après la Chine et les Etats-Unis, il reste l’Europe, l’Inde et la Russie – à tenir leurs promesses. Or l’avancée sino-américaine masque le surplace de l’Europe.

Enlisés dans des discussions de marchands de tapis sur l’effort que chaque Etat est prêt à consentir pour atteindre l’objectif que s’est fixé l’UE – réduire d’au moins 40 % les émissions d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990 –, les Vingt-Huit voient leur leadership contesté par Pékin et Washington. Trois pays ont, certes, bouclé leur processus de ratification parlementaire – la France, la Hongrie et l’Autriche –, mais la procédure ne sera acquise que lorsque les vingt-cinq autres Etats membres, d’une part, et la Commission européenne, d’autre part, auront accompli le même parcours.

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Privé du soutien de l’UE et de celui de la Russie, pour qui le réchauffement est une préoccupation lointaine, l’accord de la COP21 ne pourra s’appliquer que si l’Inde s’y soumet. New Delhi en est conscient, mais sait aussi que le charbon est le premier carburant de sa machine économique. Une ratification rapide serait un pari pour le gouvernement indien.

Urgence

Le grand bond en avant de la Chine et des Etats-Unis ne doit pas faire oublier l’urgence imposée par la hausse des températures. L’Agence océanique et atmosphérique américaine a confirmé, en août, que 2015 avait été l’année la plus chaude de l’histoire moderne, surpassant de 0,1 °C le record de 2014. Les incendies et les inondations qui se succèdent aux Etats-Unis, les épisodes de sécheresse qui affament l’Afrique, la montée des eaux qui menace l’existence des Etats insulaires du Pacifique sont autant de sonnettes d’alarme.

Pour maintenir la hausse des températures sous le seuil des 2 °C, l’accord de Paris esquisse une feuille de route : un transfert financier et technologique massif des pays riches vers les plus vulnérables, un renoncement aux énergies fossiles. La planète a besoin d’un traitement de choc.