Les « cols rouges » ont été remplacés à l’hôtel des ventes de Drouot. Plusieurs sociétés de transport et de manutention se répartissent désormais le travail. | FRANÇOIS GUILLOT / AFP

L’un des plus gros scandales du marché de l’art en France connaît son épilogue. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé des peines, mardi 6 septembre, allant jusqu’à trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, et 60 000 euros d’amende au procès des « cols rouges », ces commissionnaires de l’hôtel des ventes de Drouot chargés de la manutention et du transport des biens.

Sur les quarante-quatre commissionnaires et cinq commissaires-priseurs poursuivis pour recel, onze personnes ont été relaxées. Parmi les six commissaires-priseurs poursuivis, trois ont été condamnés, à des peines allant jusqu’à 18 mois de prison avec sursis et 25 000 euros d’amende.

L’Union des commissionnaires de l’hôtel des ventes de Drouot (UCHV), cette institution dont les 110 commissionnaires étaient actionnaires à parts égales, a quant à elle été dissoute et condamnée à 220 000 euros d’amende.

Des condamnations proches des réquisitions de la procureure Laura Tobelem. A l’issue de plus de trois semaines de procès, l’avocate générale avait en effet requis, jeudi 31 mars, des peines maximales de quatre à cinq ans d’emprisonnement dont deux ans ferme à l’encontre de la quarantaine d’anciens commissionnaires.

Vols ou récupérations

C’est lors des « enlèvements », quand les commissionnaires vidaient un appartement ou une maison lors d’une succession, que les vols auraient été commis, mais aussi parfois en marge des ventes. Certains objets se sont révélés être de grande valeur. Les commissionnaires chargés de cet « enlèvement » l’assurent, ils ignoraient qu’ils aient pu avoir une telle valeur. Ils étaient destinés « à être récupérés par le chiffonnier », a assuré l’un d’eux.

Lors des trois semaines de débats, les commissionnaires ont contesté la façon dont les enquêteurs de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) ont recueilli et retranscrit leurs déclarations, écrivant « vol » là où eux disaient « récupération ».

« Il y a eu des vols, sans aucun doute », a plaidé l’un des avocats de la défense, Thibaut Rouffiac, mais « ce n’est pas parce qu’il y a eu des vols, des dérives, que tous ont volé ». Pour Léon Lef Forster, avocat de neuf commissionnaires, se pose « la question de l’intention frauduleuse ». Pour lui, on ne peut qualifier de vol la récupération de « choses abandonnées ».