Le président du Conseil européen, Donald Tusk (à gauche) et le président de la Commission européenne, Jean-Claud Juncker, lors de la cérémonie d’ouverture du G20,  Hangzhou, le 4 septembre. | MARK SCHIEFELBEIN / AFP

Les dirigeants du G20 ont affiché l’unité qui convient à l’exercice, mais les deux jours de discussions, dimanche 4 et lundi 5 septembre, n’ont pas permis d’aplanir tous les différends qui opposent les vingt premières économies mondiales. Réunis à Hangzhou, en Chine, une ville vidée d’un quart de ses habitants pour assurer la fluidité des événements, les dirigeants ont notamment discuté de la défiance des populations vis-à-vis du libre-échange et de la mondialisation.

Exemple le plus pressant, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) a été amplement commentée. Le communiqué final du sommet s’en tient à pointer que le Brexit ajoute « de l’incertitude à l’économie mondiale ». Mais les acteurs européens ont été moins tendres. Après les avertissements du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et de celui du Conseil européen, Donald Tusk, dimanche, François Hollande a enfoncé le clou lundi, invitant les Britanniques à engager le processus de sortie de l’UE avant la fin 2016. « Une échéance raisonnable », a-t-il commenté, alors que la première ministre britannique, Theresa May, avait fait savoir qu’elle ne comptait pas lancer le processus avant 2017.

La lutte contre le réchauffement climatique suscite des tensions

Les dirigeants du G20 continuent de voir le Brexit comme un risque majeur, particulièrement difficile à anticiper. Le gouvernement japonais a ainsi publié dimanche un dossier d’une quinzaine de pages faisant des recommandations pour l’Union européenne et le Royaume-Uni. « Il est impératif que le Royaume-Uni et l’UE regagnent la confiance du monde (…) en rendant le processus du Brexit plus prévisible », conseille le document.

Au-delà du Brexit, les temps sont durs pour les traités de libre-échange, puisque les négociations des Etats-Unis avec l’Europe d’un côté (Tafta) et avec l’Asie de l’autre (TPP, dont est exclue la Chine) semblent dans une impasse. Du candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump à l’extrême droite européenne, la montée des populismes faisant du libre-échange leur bouc émissaire n’arrange rien.

Le communiqué final appelle « à bâtir une économie mondiale ouverte, à rejeter le protectionnisme et à promouvoir le commerce et l’investissement mondiaux, notamment en renforçant le système commercial multilatéral ». Il faudra cependant joindre les actes à la parole. En juillet, le « pré-G20 » des ministres du commerce s’était conclu sur un constat d’échec : « Nous notons avec inquiétude que, malgré les promesses répétées du G20, le nombre de mesures restrictives affectant le commerce et les services a continué à augmenter », avait résumé le communiqué de la réunion.

Paradoxalement, la lutte contre le réchauffement climatique a suscité des tensions, même si le sommet s’était ouvert sous de bons auspices. Etats-Unis et Chine ont ratifié samedi l’accord de Paris signé au printemps. Mais les avis ont divergé en matière d’utilisation prioritaire des énergies renouvelables. « C’est sur ce point qu’il y a eu le plus difficultés et de discussions dans l’élaboration du communiqué. A chaque fois, les réticences profondes réapparaissent. L’Inde dit : “Tout ça est bien beau, mais compliqué à mettre en œuvre”, sans parler de l’Arabie saoudite », confiait lundi le ministre de l’économie, Michel Sapin, dans un entretien au Monde. Riyad, premier producteur de pétrole avec la Russie, veut continuer à vendre son or noir. L’Inde compte sur les énergies fossiles bon marché pour faire tourner son économie en pleine croissance, comme l’a fait son voisin chinois.

Sur le plan économique, l’avancée la plus concrète reste l’engagement à publier une liste noire des paradis fiscaux en juin 2017. Les critères et le calendrier étaient connus depuis l’été, mais le projet a maintenant l’aval des chefs d’Etat. Dans le communiqué final, les membres du G20 approuvent « les critères objectifs d’identification des juridictions non coopératives en matière de transparence fiscale » définis par l’Organisation de coopération et de développement économiques. En clair, ils sont d’accord pour le principe de la liste et de ses critères, mais laissent aux récalcitrants le temps de rentrer dans les clous : le fameux document ne sera publié qu’en juillet 2017 lors du prochain G20. Mais le but est précisément qu’il ne soit jamais nécessaire de publier la liste. « C’est dissuasif », explique M. Sapin, qui parle d’un « succès français et européen dans cette volonté d’une meilleure régulation ».