L’université Paris-Diderot, à Paris. | HYPERSITE / CC BY-SA 3.0

Trente millions d’euros pour assurer la sécurité sur les campus des universités. La mesure annoncée par Najat Vallaud-Belkacem aux présidents d’établissement, le 31 août, avait tout pour plaire. Mais son financement, pour le moins étonnant, n’a pas manqué de provoquer un certain malaise.

Cette enveloppe correspond en effet à une exonération partielle, qui devait normalement cesser cette année, accordée aux facs sur leur contribution au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Faute de respecter dans leurs effectifs la part de personnels handicapés fixée, les universités auraient dû s’acquitter en 2016 de 45 millions d’euros à ce fonds, après avoir déboursé 15 millions en moyenne les années précédentes. La ministre de l’Education nationale leur a permis de déroger à cette amende, à hauteur de 30 millions, afin de subvenir à leurs dépenses en matière de sécurité.

Manœuvre budgétaire « inacceptable »

« L’histoire est incroyable et d’un cynisme ahurissant », dénonce Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur à l’université de Nantes, dans une tribune publiée lundi 5 septembre par Libération : « On s’apprête, pour payer des vigiles dans les universités, à taper dans la caisse supposée servir à financer l’insertion des handicapés dans la fonction publique en général et dans les universités en particulier. »

Le syndicat enseignant SGEN-CFDT a, de son côté, dénoncé dans un communiqué une manœuvre budgétaire « inacceptable », qui « révèle surtout l’insuffisance des moyens accordés aux universités ».

Le ministère de l’éducation nationale a tenté de dégonfler la polémique en rappelant que ce fonds d’insertion disposait de plus de 400 millions d’euros de réserve pour poursuivre son action en faveur des handicapés. Ce qui n’empêche pas certaines universités de s’interroger : celles qui ont une action exemplaire concernant l’insertion des personnels handicapés seront-elles pénalisées… en ne recevant aucun denier pour assurer la sécurité de leurs campus ? Quelques rares établissements sont en effet en situation de n’avoir aucune amende à payer à ce titre – Caen et Montpellier III, notamment.

« Une solution sera évidemment trouvée pour soutenir ces universités, promet le secrétariat d’Etat à l’enseignement supérieur. La sécurité est un sujet trop grave pour ne pas être pris en compte dans l’ensemble des établissements. »