Jo-Wilfried Tsonga a souvent vu son parcours arrêté par Novak Djokovic. Ici en finale de Shanghai en octobre 2015. AFP PHOTO / JOHANNES EISELE | JOHANNES EISELE / AFP

C’est l’un des chocs de l’US Open. Jo-Wilfried Tsonga, onzième mondial, défie mardi Novak Djokovic, en quart de finale du Grand Chelem new-yorkais.

Le Français n’a sûrement pas oublié que « Djoko » l’a privé d’une victoire à l’Open d’Australie en 2008. Après avoir empoché le premier set 6/4, il n’a jamais été aussi proche d’être le deuxième Français depuis Yannick Noah en 1983 à remporter un Grand Chelem. En 2012, il avait eu du mal à digérer les quatre balles de match manquées face à Djokovic en quart de finale de Roland-Garros. A 31 ans, Jo-Wilfried Tsonga a l’expérience des matchs importants. Il disputera cette nuit son quatorzième quart de finale en Grand Chelem, le deuxième consécutif à l’US Open, le seul des quatre tournois majeurs où il n’a pas encore atteint le dernier carré.

Tsonga devra saisir sa chance face à un Novak Djokovic en manque de rythme. Diminué par une blessure persistante au poignet gauche, il a raté son été et n’a pas fait une entrée en matière fracassante à New York. Pour la première fois depuis 2010, le Serbe a perdu un set au premier tour d’un Grand Chelem face à Jerzy Janowicz.

  • Djokovic logique favori

Ce choc a un parfum de classique. Novak Djokovic et Jo-Wilfried Tsonga se sont déjà affrontés à vingt et une reprises dans leur carrière. Le Manceau est le joueur français à avoir disputé le plus de rencontres face au Serbe. Aucun des trois autres « mousquetaires », Richard Gasquet, Gaël Monfils et Gilles Simon, ne peut en dire autant. Ils ont respectivement rencontré l’actuel meilleur joueur du monde treize, douze et onze fois. Pour deux victoires seulement à eux trois.

Si Jo-Wilfried Tsonga fait mieux que ses compatriotes et se mesure au moins une fois par an depuis 2008 avec Novak Djokovic, le Serbe a clairement pris l’avantage. Il mène quinze victoires à six dans leurs confrontations. Mieux, cela fait deux ans, depuis le Master 1000 du Canada, qu’il n’a pas perdu face à Tsonga.

Le Serbe est donc logiquement favori, et il pourra s’appuyer sur sa dernière victoire face au Français en quart de finale d’Indian Wells, en mars (7/6 7/6).

  • Le numéro 1 mondial n’a pas le droit de perdre

C’est le lot de tous les numéros 1. Il ne doit pas perdre sous peine de voir ses poursuivants le rattraper au classement ATP. Après une première partie de saison tonitruante, avec quarante-quatre victoires pour seulement trois défaites après Roland-Garros, Novak Djokovic s’est largement mis à l’abri de la concurrence. Mais depuis sa première victoire dans le Grand Chelem parisien, début juin, le Serbe cale.

Le bilan de l’été s’avère bien maigre : sept victoires et deux défaites. Symbole de cette relative méforme : son élimination dès le premier tour au tournoi olympique de Rio face à l’Argentin Juan Martin del Potro.

Résultat ? Andy Murray a fondu sur le Serbe, lequel doit absolument atteindre la finale de l’US Open et éviter une victoire de son grand rival s’il veut garder la tête du classement mondial. Un défi de plus qui devrait suffire à le remobiliser, s’il le fallait, pour aller chercher une dixième place consécutive dans le dernier carré du Grand Chelem américain.

  • Pourquoi Jo-Wilfried Tsonga peut gagner ?

Avec seulement six matchs depuis Wimbledon, Jo-Wilfried Tsonga est arrivé à l’US Open avec peu de repères. Son élimination au deuxième tour des JO due à une blessure à l’orteil et son huitième de finale à Cincinnati n’avaient pas de quoi rassurer. Mais comme très souvent en Grand Chelem, « Jo » a répondu présent. Très content de son match en trois sets (6/3 6/4 7/6) face au redoutable serveur sud-africain Kevin Anderson au troisième tour, il a déclaré espérer « continuer à monter en puissance ». En huitième de finale, opposé à un Jack Sock galvanisé par son public, il n’a pas tremblé (6/3 6/3 6/7 6/2). Sa fraîcheur sera l’un de ses atouts au prochain tour.

Certes le Français est dominé dans son face-à-face avec « Nole », mais il a la chance de pouvoir se rassurer en se remémorant ses six victoires. Il est vrai que quatre d’entre elles datent d’avant 2011, une époque où le Serbe n’avait pas encore atteint le sommet du tennis mondial. Elles prouvent néanmoins que Jo-Wilfried Tsonga connaît très bien Novak Djokovic, peut le manœuvrer et désamorcer son revers destructeur. Il l’a déjà fait lors du fameux huitième de finale de l’Open du Canada en 2014. Deux sets secs (6/2 6/2) face à un numéro un mondial sonné par le rythme imposé par le Français.

Iris Chartreau