Des pèlerins dans la Grande Mosquée de La Mecque, le 4 septembre 2016. | AHMED JADALLAH / REUTERS

Dans ce qui est peut-être sa critique la plus dure à ce jour contre les autorités saoudiennes, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a de nouveau appelé les musulmans, lundi 5 septembre, à contester la gestion des lieux saints par le royaume d’Arabie saoudite, à quelques jours de l’ouverture du hadj, le grand pèlerinage annuel de La Mecque, prévue le 10 septembre.

Dans ce message publié sur son site Internet, M. Khamenei estime que « le comportement agressif » de la monarchie saoudienne vis-à-vis des pèlerins, qu’il juge « blasphématrice » et « matérialiste », doit inciter « le monde de l’islam (…) à reconsidérer la gestion des deux mosquées sacrées et du pèlerinage ».

Le 24 septembre 2015, le pèlerinage avait été endeuillé par l’accident le plus meurtrier de son histoire : au moins 2 426 pèlerins avaient été tués dans une bousculade dans la vallée de Mina, à 5 kilomètres de la ville sainte, selon un décompte établi par l’agence Associated Press à partir des chiffres publiés par les gouvernements des pays d’origine des victimes.

Les autorités saoudiennes avaient publié un bilan provisoire de 769 morts, qu’elles n’ont pas depuis réévalué. Riyad avait également annoncé l’ouverture d’une enquête, dont les résultats n’ont pas encore été rendus publics. Téhéran avait recensé 464 de ses ressortissants parmi les victimes et avait vivement critiqué son rival régional.

« Saoudiens sans cœur »

« Les Saoudiens sans cœur et meurtriers ont enfermé les blessés aux côtés des cadavres dans des containers au lieu de les secourir, de les soigner ou au moins d’étancher leur soif. Ils les ont assassinés », a déclaré M. Khamenei lundi, sans que le gouvernement iranien n’apporte de preuves à l’appui de ces accusations. Le ministre de l’intérieur et prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, a accusé lundi soir l’Iran de tenter de « politiser » le pèlerinage.

Le ministre de l’intérieur et prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, lors d’une parade militaire avant le pèlerinage à La Mecque, le 5 septembre 2016. | AHMED JADALLAH / REUTERS

Les pèlerins iraniens ne pourront pas s’y rendre cette année, après que les deux pays ont échoué en mai à trouver un accord. L’Arabie saoudite a rompu en janvier ses relations diplomatiques avec l’Iran après la mise à sac de son ambassade à Téhéran.

En août s’est ouvert à Djeddah le procès de 14 personnes accusées de négligence ayant entraîné la chute d’une grue sur un chantier de construction à la Grande Mosquée de La Mecque, qui avait tué 108 personnes dans un second accident survenu durant le pèlerinage en 2015.