Une voiture Uber sans chauffeur, le 13 septembre à Pittsburgh. | ANGELO MERENDINO / AFP

« Ne m’appelez plus VTC (voiture de transport avec chauffeur) ». Tel pourrait être le futur slogan d’Uber. La société américaine, qui est devenue le leader mondial de ce service, est en effet en train de sauter à l’étape suivante en se passant tout bonnement de conducteur. Uber a ainsi lancé, mercredi 14 septembre, à Pittsburgh (Pennsylvanie), une flotte de voitures autonomes en conditions réelles.

Pendant un temps, on a pensé que la principale innovation d’Uber consistait à révolutionner les rapports employeur/employés en donnant une nouvelle dimension au travail indépendant en numérisant le transport avec chauffeur. Mais l’expérience qui vient de démarrer tend à démontrer qu’il ne s’agissait que d’une phase transitoire et que l’objectif ultime est désormais de se passer de chauffeurs, source de coûts et d’accidents.

Depuis mercredi, une flotte de quatre Ford Fusion autonomes sillonne la ville où Uber a installé son centre de recherche en partenariat avec l’université de Carnegie-Mellon, qui concentre des experts parmi les plus pointus de l’intelligence artificielle. Les 1 000 clients les plus fidèles du service auront, avec leur consentement, accès à une voiture sans pilote. Les véhicules sont équipés chacun de sept caméras pour repérer les feux de signalisation, d’un système de radar qui capte les conditions météo et de vingt faisceaux laser qui permettent en permanence de reproduire l’environnement immédiat de la voiture à 360 degrés sur une carte en trois dimensions.

Dernières séances de tests dans le centre de recherche de Uber à Pittsburgh le 13 septembre. | ANGELO MERENDINO / AFP

Un technicien à bord

En phase de test depuis dix-huit mois, les voitures d’Uber n’ont eu aucun accident

Dans un premier temps, le client n’est pas seul à bord. Un technicien d’Uber est assis à la place du conducteur, tandis qu’un second analyse le comportement du véhicule. Ces précautions sont à la fois techniques, réglementaires et psychologiques. Psychologiques, car il n’est pas évident dans un premier temps que tous les clients se sentent rassurés d’être conduits par un ordinateur.

Réglementaires, ensuite. Le choix de Pittsburgh est aussi lié au fait que les règles y sont moins contraignantes qu’en Californie, berceau d’Uber. En Pennsylvanie, il n’y a aucune obligation de toucher le volant pour conduire une voiture. En revanche, il doit y avoir quelqu’un assis sur le siège du conducteur, qui doit être titulaire d’un permis de conduire.

Le maire de Pittsburgh, Bill Peduto, a récemment expliqué au New York Times :

« Ce n’est pas notre rôle de réglementer ou d’imposer des limites à des sociétés comme Uber. Soit vous multipliez la bureaucratie, soit vous déroulez le tapis rouge. Si vous voulez être un laboratoire du XXIe siècle sur le plan technologique, vous déroulez le tapis rouge. »

Précautions techniques enfin, car si, jusqu’à présent, en phase de test depuis dix-huit mois, les voitures d’Uber n’ont eu aucun accident, cette éventualité ne peut pas être écartée à partir du moment où le service est commercialisé. Mais la vitesse réduite et l’environnement facilement cartographiable d’un centre urbain apparaissent aux yeux d’Uber comme le contexte le plus favorable au développement de la voiture autonome. La société a ainsi prévu de se doter à court terme d’une flotte d’une centaine de Volvo XC90 pour développer son service à Pittsburgh. Une fois que l’expérience aura été concluante, il est question de se passer des techniciens et de faire circuler les véhicules dans certaines zones où l’autonomie pose le moins de problèmes.

« Améliorer la société »

L’expérience menée par Uber n’est pas tout à fait une première mondiale. En effet, NuTonomy, une start-up, qui est une émanation du Massachusetts Institute of Technology, lui a en effet grillé la politesse en lançant il y a trois semaines un service similaire à Singapour, avec la mise en circulation de six taxis sans chauffeur. Néanmoins, Uber, qui a mis à profit les données accumulées grâce à son réseau existant de covoiturage et de livraison, a réussi à prendre de vitesse Alphabet (Google), Tesla et les constructeurs traditionnels dans cette course technologique.

« Ce n’est pas un projet annexe, c’est existentiel pour nous », rappelait, il y a quelques semaines, Travis Kalanick, le fondateur d’Uber. Et l’entrepreneur de dérouler sa vision : « Nous savons que les Uber autonomes ont un potentiel énorme pour accomplir notre mission et améliorer la société : réduire le nombre d’accidents de la route, qui tuent 1,3 million de personnes par an, libérer 20 % de l’espace urbain encombré par les places de stationnement pour des milliards de voitures et réduire les embouteillages, qui font perdre des milliers de milliards d’heures par an. » Bref, le VTC est (déjà) mort, vive le VTSC comme Voitures de transport sans chauffeur.

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