• L’appartement témoin du quartier Beaulieu à Saint-Etienne (Loire)

Le quartier de Beaulieu, au sud du centre-ville de Saint-Etienne, est né des programmes de grands ensembles mis en œuvre à partir des années 1950 par le maire de l’époque, Alexandre de Fraissinette, afin de réduire la pénurie de logements. Réalisé par les architectes Edouard Hur et Henri Gouyon – ce dernier partisan d’un « modernisme mesuré » –, un ensemble de 1 262 logements a été bâti entre 1953 et 1956. Beaulieu bénéficie aujourd’hui du label « Patrimoine du XXe siècle ».

Le programme : une douzaine de bâtiments selon trois typologies (barres parallèles de hauteur progressive, longues courbes et structures en « L ») et échelonnés le long de la pente principale du quartier, épousant la topographie du site. Ce programme défend « l’idée d’ensemble pur, c’est-à-dire sans constitution d’îlots ou de semi-îlots », indique la base de données Pss-archi.eu.

L’appartement témoin, ouvert à l’occasion des Journées du patrimoine, est resté tel qu’au moment de sa construction et permet une plongée dans le quotidien des années 1950 grâce à un mobilier typique de l’après-guerre.

Samedi, visite libre de 14 heures à 17 heures et visite commentée à 15 heures. 29, rue Georges-Clemenceau, 42000 Saint-Etienne. Tél. : 04-77-48-76-27.

  • L’appartement témoin de la cité-jardin de Suresnes (Hauts-de-Seine)

L’entrée de la loge du gardien de la cité-jardin de Suresnes (Hauts-de-Seine), devenu appartement témoin. | FONDATION DU PATRIMOINE

Le 17 septembre devait être inauguré à Suresnes (Hauts-de-Seine) un appartement témoin de la grande cité-jardin de la ville de l’ouest parisien, fleuron de l’essor de l’urbanisme social de l’entre-deux-guerres. Il s’agit d’une ancienne loge de gardien composée de trois pièces, meublée et décorée dans le style des années 1930.

Cette restauration profonde a été entreprise par le Musée d’histoire urbaine et sociale de Suresnes (MUS) sous le conseil de l’architecte Pascal Mory. Ce dernier a travaillé à la reconstitution d’une unité d’habitation de la « Cité radieuse » de Le Corbusier à Marseille pour la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris.

A Suresnes, la tâche a été plus complexe qu’il n’y paraît. « Il y a peu de témoignages et encore moins de photographies, car nous sommes dans un milieu ouvrier et populaire », indique M. Mory. Cette reconstitution s’apparente à un vrai travail d’historien. »

Les motifs des revêtements muraux proviennent des collections du Musée du papier peint de Rixheim (Haut-Rhin), d’autres, choisis par le MUS, ont été fournis par la maison Braquenié. Emmaüs Bougival a contribué à l’enrichissement des lieux en matière de mobilier ; luminaires et accessoires de cuisine ont été donnés ou chinés au gré de brocantes et des puces.

Inauguration le samedi 17 septembre à 11 h 30. 12, avenue Alexandre-Maistrasse, 92150 Suresnes.

  • La maison de Christian et Yvonne Zervos à Vézelay (Yonne)

Vue des mezzanines à l’intérieur de la maison  de Christian et Yvonne Zervos à Vézelay (Yonne). | FONDATION ZERVOS

En août 1937, Christian et Yvonne Zervos, qui mènent des activités de critique d’art, d’édition (Cahiers d’art de 1926 à 1960) et d’expositions, ont acheté une maison au hameau de la Goulotte à Vézelay. La construction, dont les aménagements intérieurs ont impliqué l’architecte Jean Badovici et son associée irlandaise Eileen Gray, propriétaires d’une demeure dans la même ville, devient vite atypique dans le paysage vézélien. Certains détails évoquent ceux de la villa E-1027 que le duo possédait également à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes).

La maison Zervos, qui dispose du label « Maison des illustres », a accueilli de nombreux artistes : Fernand Léger, Pablo Picasso – Christian Zervos a réalisé le catalogue raisonné de son œuvre –, Paul Eluard ou René Char. Elle est aujourd’hui gérée par la Fondation Christian et Yvonne Zervos qui en a fait son siège, et qui y organise des expositions d’artistes contemporains. La maison accueille également les lauréats du prix Zervos, attribué tous les deux ans à un artiste ou à un architecte pour lui permettre de concrétiser un projet artistique. Christian Zervos a légué l’ensemble de ses biens et propriétés à la ville de Vézelay.

Visite commentée gratuite, samedi et dimanche de 14 heures à 17 h 30, conférence à 17 h 30. 3, route des Bois-de-Chauffour, 89450 Vézelay. fondationzervos.com

  • L’Etoile bleue à Tours (Indre-et-Loire)

L’Etoile bleue, une ancienne maison close, est devenue le siège de la Jeune chambre économique de Tours (Indre-et-Loire). | DR

L’Etoile bleue, dernière maison close de Tours, était installée dans une bâtisse du XVe siècle dont la façade avait été remaniée dans un style Art déco. Les fresques du grand salon, naïves et de style 1925, sont l’œuvre du peintre Jacquemin, dessinateur satirique local qui réalisa pour l’occasion un pastiche plus déshabillé d’une gravure du peintre Louis Icart (1888-1950) ; d’autres, plus osées, sont le fruit d’une collaboration entre Jacquemin et Rickie, toutes réalisées selon la technique de la colle de peau de lapin.

A l’étage, plusieurs chambres, souvent de taille modeste, dont une chambre prison, entièrement obscure, où étaient enfermées les filles récalcitrantes. Après sa fermeture, en 1946 (loi Marthe Richard oblige), cet ancien lieu de « plaisirs » a été habité quelque temps, puis est resté à l’abandon jusque dans les années 1980. Il a échappé de peu à la destruction grâce à une mobilisation populaire. L’Etoile bleue, dont on envisagea même qu’elle fut transformée en logements sociaux, est devenue le siège de la Jeune chambre économique de Tours qui y mène des travaux de restauration, grâce, notamment, à des appels aux dons.

Visite commentée et exposition gratuites, samedi et dimanche de 10 heures à 18 heures. 15, rue du Champ-de-Mars, 37000 Tours. Tél. : 02-47-38-32-90. jcetours.org

  • Le familistère de Guise (Aisne)

Cour couverte du pavillon central du familistère de Guise (Aisne). | FAMILISTÈRE DE GUISE

Jean-Baptiste André Godin (1817-1888), un ancien ouvrier devenu un industriel idéaliste, voulut utiliser sa fortune afin d’améliorer la vie de ses employés. En 1842, il découvre les théories de Charles Fourier (1772-1837), promoteur des phalanstères, une société humaine harmonieuse et idéale où la répartition entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif se réalise équitablement.

De 1859 à 1884, Godin bâtit à Guise, à proximité de son usine de poêles en fonte, une cité de 2 000 habitants, le familistère, sur le modèle des coopératives ouvrières de production. C’est l’une des plus ambitieuses expérimentations sociales du monde industrialisé. « Le familistère, c’est le palais du travail, disait son promoteur. C’est le palais social de l’avenir. »

Après une décennie de restauration, le familistère de Guise est aujourd’hui un musée. Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 4 juillet 1991 et son ancien jardin, d’une inscription la même année.

Visite libre, visite commentée, samedi et dimanche de 10 heures à 18 heures. Conférence avec la designer française Matali Crasset et spectacles. Place du familistère, 02120 Guise. Tél. : 03-23-61-35-36. www.familistere.com

  • « La Joyeuse Prison » de Pont-l’Evêque (Calvados)

Façade principale de « La Joyeuse Prison » à Pont-l’Evêque (Calvados). | DR

Peu de prisons à visiter lors des Journées du patrimoine, sinon l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Strasbourg, installée dans un ancien pénitencier du XVIIIe siècle, et « La Joyeuse Prison » de Pont-l’Evêque. Cette dernière, témoignage unique de l’architecture carcérale du XIXe siècle inscrit à l’inventaire des Monuments historiques, a été édifiée en 1823 par l’architecte Romain Harou.

L’histoire retiendra surtout le climat régnant au sein de l’établissement dans la période de l’après-guerre, où les détenus, avec la bénédiction du gardien chef Billa, assuraient les tâches administratives et techniques courantes (fiches de paye, courrier, horaires des rondes, comptabilité, réparation des alarmes…).

Le 5 avril 1949, René Girier, dit René la Canne, considéré comme un « voyou au grand cœur », préféra s’évader de l’endroit en sciant les barreaux plutôt qu’en prenant la porte, afin de ne pas mettre à mal l’équilibre singulier du lieu. Las ! L’affaire provoqua un joyeux scandale. La fermeture de « La Joyeuse Prison », ainsi désormais nommée par la presse, fut prononcée le 15 novembre 1953 ; et Billa – que Michel Simon incarna en 1956 dans le film d’André Berthomieu La Prison joyeuse – condamné à trois ans de (morne) prison.

Visites commentées avec inscription obligatoire, samedi et dimanche. Espace culturel Les Dominicaines, place du tribunal, 14130 Pont-l’Evêque. Tél. : 02-31-64-89-33. lesdominicaines.com

  • La cité des Coutures à Limoges (Haute-Vienne)

Façades en briques de la cité des Coutures à Limoges (Haute-Vienne). | BABSY

D’influence Art déco, la cité des Coutures, construite par l’Office public des habitations à bon marché (OPHBM) de Limoges entre 1925 et 1932, est l’œuvre de l’architecte Roger Gonthier (1884-1978), également auteur de la gare de Limoges-Bénédictins et, peu avant, de la cité Beaublanc, qui s’inspire du modèle des cités-jardins.

Les Coutures sont constituées de 33 immeubles en briques rouges ou jaunes selon les niveaux, accueillant 540 logements dotés du confort. Ont été ajoutés des équipements collectifs : un « jardin général », un lavoir, des bains douches ainsi que des commerces. 75 logements supplémentaires ont été construits en 1955.

Cette cité, distinguée par le label « Patrimoine du XXe siècle », est emblématique de la vie ouvrière limougeaude : elle accueille nombre d’employés de la porcelaine et de la chaussure, ainsi que des cheminots. Son caractère fermé a permis l’implantation de groupes de résistants durant l’Occupation que, sur l’une de ses façades, une plaque rappelle. Depuis le début des années 2000, les Coutures font l’objet d’un vaste programme d’embellissement.

Samedi à 14 h 30, visite gratuite commentée (durée : 1 heure), départ de la gare des Bénédictins, 87000 Limoges. Tél. : 05-55-43-45-93.

  • « Viva Villa » à Paris

La Cour d’honneur du Palais-Royal, l’un des espaces investis par « Viva Villa », à Paris. | ROS_K PHOTOGRAPHIE

Reprenant littéralement le titre d’un western américain réalisé en 1934 par Jack Conway sur le révolutionnaire mexicain Pancho Villa, et profitant au passage d’en faire un jeu de mots, les promoteurs de « Viva Villa » organisent le premier festival des résidences d’artistes. Leur objectif est d’en faire un rendez-vous automnal. Du 15 au 18 septembre, l’édition zéro devait se tenir à Paris dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.

A cette occasion, la Villa Médicis (Académie de France) à Rome, la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto, trois parmi les plus importantes représentations culturelles françaises à l’étranger, se sont associées pour la première fois. Le principe de « Viva Villa » consiste à présenter des œuvres artistiques réalisées par différents pensionnaires de ces institutions. Elles sont cette année sélectionnées par la commissaire Cécile Debray, conservatrice au Musée national d’art moderne (Centre Georges Pompidou).

L’ensemble des réalisations fait l’objet d’un parcours à travers les espaces du Conseil constitutionnel, du Conseil d’Etat, du ministère de la culture et de la communication jusque dans la Cour d’honneur du Palais-Royal.

Festival « Viva Villa », du 15 au 18 septembre. vivavilla.info

Lire aussi : Balade au pays des HBM

Sur le Web : le site des Journées européennes du patrimoine, journeesdupatrimoine.fr et aussi une carte interactive de tous les monuments à visiter