Les « Panama papers », une enquête mondiale sur le monde de l'offshore coordonnée par le Consortium international des journalistes d'investigation. | QUENTIN HUGUON POUR "LE MONDE"

Le gouvernement du Danemark a annoncé, mercredi 7 septembre, être prêt à débourser plusieurs centaines de milliers d’euros pour acquérir une partie des documents à l’origine des « Panama papers », afin de les utiliser dans sa lutte contre la fraude fiscale.

Les « Panama papers » en trois points

  • Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux.
  • Les 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
  • Les « Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.

Le ministre des finances danois, Karsten Lauritzen, a précisé que son administration avait reçu cet été une offre anonyme lui proposant d’acheter quelque 200 000 des 11,5 millions de fichiers subtilisés au cabinet d’avocat panaméen Mossack Fonseca, spécialisé dans la domiciliation de sociétés offshore.

Il a décidé de donner une suite favorable à cette proposition, avec l’appui des autres partis du Parlement, car des documents contiennent « des informations pertinentes et valides sur plusieurs centaines de contribuables danois » (500 à 600, selon la radio-télévision danoise). « Nous le devons à tous [ceux] qui paient fidèlement leurs impôts », a-t-il précisé pour justifier cette démarche, présentée comme une première dans le royaume scandinave.

Sans divulguer le montant qu’allait débourser l’Etat danois, M. Lautitzen a précisé que celui-ci se situait entre 1 million et 10 millions de couronnes, soit 134 000 à 1,34 million d’euros.

La France n’achètera pas les données

Le lanceur d’alerte en possession des fichiers originaux de Mossack Fonseca, qui se fait appeler « John Doe », les a remis gratuitement au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung ; ce qui a donné lieu avec une publication conjointe d’une centaine de médias partenaires le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en avril 2016.

En revanche, on savait déjà qu’il avait vendu une partie de ces données aux autorités fiscales allemandes, américaines et britanniques. Le gouvernement français assure de son côté qu’il n’achètera pas les données, car la loi le lui interdit. Dans d’autres pays, dont la Finlande, les autorités ont engagé un bras de fer judiciaire pour forcer les médias partenaires de l’enquête à leur remettre les documents.