L’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac à son arrivée au tribunal jeudi 15 septembre. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

Le président du tribunal correctionnel de Paris a annoncé, jeudi 15 septembre, que l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac, jugé depuis deux semaines pour fraude fiscale et blanchiment, serait fixé sur sa peine le 8 décembre.

La veille, le parquet national financier a requis sa condamnation à trois ans de prison ferme et une peine d’inéligibilité de cinq ans. Une peine « absurde », selon l’un de ses avocats, Me Jean Veil, qui a souligné lors de sa plaidoirie qu’il n’avait pas besoin d’être surveillé.

Au fil des jours, les Cahuzac ont dû révéler leurs secrets bancaires : des comptes en Suisse, à l’île de Man. Des montages sophistiqués, ainsi que des chèques blanchis sur les comptes de la mère du chirurgien, ont été utilisés pour dissimuler les avoirs alors que le député est promis à un avenir politique plus élevé.

« Un banni, un exilé de force »

« Au fond, c’est un banni, c’est un exilé de force, on n’en veut plus dans notre collectivité », a dit Me Jean Veil. Pour autant, « est-ce que c’est fait pour ça, la prison ? Pour satisfaire le parquet national financier ? » Ils sont également revenus sur l’« hypothèse d’un trésor » pour financer la vie politique de Michel Rocard. Ce qui expliquerait la faute originelle d’un premier compte en Suisse en 1992.

Ils ont ensuite cherché à dresser le portrait d’un homme enferré dans la dénégation « pour protéger » ceux qui lui avaient fait confiance : les électeurs, sa famille politique, le président de la République. Devant les juges, l’ancienne étoile montante du Parti socialiste a reconnu la « vérité accablante » sur son compte caché à l’étranger, mais a réfuté l’idée d’un « système » de fraude organisée, préférant parler de « fuite en avant ».

« Spirale » infernale

Jeudi, la procureure Eliane Houlette a aussi requis deux ans de prison ferme à l’encontre de son ancienne épouse Patricia, accusée d’avoir « surpassé » son mari « dans la dissimulation ». Son avocat, Me Sébastien Schapira, a décrit une femme blessée qui a basculé dans la fraude « au fil de l’eau », « sans intention de se cacher du fisc », glissant alors dans une « spirale » infernale.

Par ailleurs, dix-huit mois de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende ont été requis par le parquet national financier à l’encontre de leur banquier François Reyl et 1,875 million d’amende contre la banque genevoise Reyl, accusée d’avoir « organisé l’opacité » des avoirs des époux.