Maryse Joissains Masini, maire Les Républicains d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Il peut être porté à la ceinture, en sautoir, en porte-clefs. Et pourquoi pas en bracelet… Et pourtant, ses destinataires s’en seraient bien passés. Il s’agit d’un « biper », une mini-télécommande à bouton unique, déclenchable à distance, proposé aux enseignants des quatre-vingt-cinq écoles d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour qu’ils puissent donner l’alerte en cas d’intrusion terroriste. « Une pression, et l’alarme est immédiatement transmise aux forces de police », indique-t-on dans l’entourage de la maire, Maryse Joissains Masini (Les Républicains), qui finance l’outil.

Quelque 800 télécommandes pour protéger les 9 600 petits Aixois : il y a quelques mois encore, l’idée aurait sans doute fait rire jaune ; voire provoqué un tollé dans les cercles d’enseignants. Mais, en cette rentrée sur laquelle plane encore l’attentat de Nice, elle ne paraît pas (ou plus) excessive au rectorat d’Aix-Marseille. On l’y juge même « plutôt dans les clous » de l’arsenal de mesures sécuritaires censé faire parade à la menace. Détaillé le 24 août par les ministres de l’intérieur et de l’éducation nationale, celui-ci prévoit notamment qu’un dispositif d’alarme – distinct de celui déclenché en cas d’incendie – soit accessible dans tous les bâtiments.

« Les enseignants, comme tout le monde aujourd’hui, ont besoin d’être rassurés, réagit Claire Billès, porte-parole du syndicat d’instituteurs SNUipp-FSU. Mais le côté bracelet électronique, c’est quand même moyen… » La directrice d’école pointe deux écueils : « l’instrumentalisation politique de la thématique sécuritaire » et la « dérive anxiogène » à laquelle l’école s’expose. « On envoie aux familles le message que l’école peut leur garantir le risque zéro, et aux enseignants le poids, très lourd, de cette responsabilité… Mais soyons sérieux !, s’énerve-t-elle : si un attentat un jour a lieu, aura-t-on seulement le temps d’appuyer sur le bouton ? »

La ville d’Aix-en-Provence veut croire que oui, soulignant que sur les quatre-vingt-cinq directeurs d’école équipés, seuls cinq se sont montrés « très réfractaires ». Jeudi 15 septembre, une simulation d’attaque a eu lieu. C’est l’école Jules-Payot, dans le quartier du Jas-de-Bouffan, qui a servi de décor. « La police municipale était sur place en cinq à sept minutes et la BAC en un quart d’heure », se félicite-t-on à l’hôtel de ville. Mais de ce qu’ont pu ressentir les enseignants et les enfants au déclenchement de l’alarme, personne ne dit mot.