Des heurts ont opposé, lundi 19 septembre, plusieurs dizaines de manifestants d’opposition à des policiers antiémeutes à Kinshasa, quelques heures avant le départ prévu d’une manifestation hostile au président congolais Joseph Kabila.

Aux cris de « Kabila dégage ! » ou « Kabila doit partir ! », les jeunes lançaient des pierres sur les policiers qui répliquaient à coup de grenades lacrymogènes dans la matinée, sur le boulevard Lumumba, grande artère du centre de la capitale de la République démocratique du Congo. Au milieu des effluves roses des gaz tirés par les forces de l’ordre, émergeaient des drapeaux blanc et bleu de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti d’Etienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition congolaise.

La journaliste Habibou Bangré, contributrice du Monde Afrique, suit la situation sur place :

Les principaux partis d’opposition, réunis autour de M. Tshisekedi, ont appelé à manifester lundi dans tout le Congo pour signifier à M. Kabila son « préavis », trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter, mais il ne montre aucun signe laissant penser qu’il souhaite abandonner ses fonctions et la présidentielle – censée se tenir avant la fin 2016 – apparaît comme impossible à organiser dans les temps. De plus, samedi, la commission chargée d’organiser les élections a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle sollicitant un report de la convocation de ce scrutin.

Voitures et pneus incendiés

Avant ces affrontements, plusieurs violences ont été commises en début de matinée, des voitures ont notamment été incendiées dans le quartier de Limete à Kinshasa. A l’échangeur de Limete, d’où doit partir la manifestation qui commence à 13 heures (14 heures, heure de Paris), plusieurs dizaines de jeunes, pour beaucoup avec des pierres à la main, scandaient des slogans hostiles au chef de l’Etat, en français et en lingala.

Les manifestants ont mis le feu à une affiche géante montrant un portrait du président appelant au « dialogue » pour surmonter la crise politique que traverse le pays depuis sa réélection contestée en novembre 2011. Sur le boulevard Lumumba, la grande artère de Limete, plusieurs pneus ont été incendiés sur la chaussée en divers endroits et des jeunes, se présentant comme des partisans de l’opposition, filtraient les voitures, ne laissant passer que les journalistes.

Human Rights Watch appelle à respecter les libertés

La veille de cette manifestation, dimanche, l’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités congolaises à respecter les « libertés d’expression et de réunion, et autoriser le déroulement de manifestations pacifiques et de meetings politiques », pour « contribuer à prévenir les violences ».

« Les décisions que le président Kabila et son gouvernement vont prendre dans les prochaines semaines peuvent faire toute la différence pour l’avenir de la RD Congo », estime HRW dans ce texte intitulé « La République démocratique du Congo au bord du précipice ». L’organisation appelle également les autorités congolaises à « mettre fin à la répression et promouvoir les principes démocratiques », « il s’agit d’une opportunité cruciale pour le pays pour consolider la démocratie, l’Etat de droit, et les droits humains, pour son propre futur et celui de la région entière », ajoute HRW.

Jeudi, Kinshasa s’était déclaré surpris par des accusations de « répression systématique » portées par Amnesty International, faisant valoir que les autorités avaient fait libérer en août plusieurs détenus politiques.