Jean-Jacques Urvoas, Garde des Sceaux, ministre de la Justice Place Vendôme Paris France 16/09/2016 | AGNES DHERBEYS/ MYOP POUR LE MONDE

Nommé le 27 janvier ministre de la justice après la démission de Christiane Taubira, Jean-Jacques Urvoas a présenté, mardi 20 septembre, lors d’un déplacement à la maison d’arrêt de Fresnes, son plan pour atteindre un objectif de 80 % de détenus en cellule individuelle. Dans un entretien au « Monde », il développe ses positions sur la politique carcérale, alors que la France est confrontée à une très forte surpopulation des prisons et à un débat sur la gestion des détenus radicalisés.

Lire l’intégralité de l’entretien en version abonnés  : Urvoas : « L’enfermement n’est pas incompatible avec la dignité »

Lutter contre la surpopulation carcérale

« La démarche du gouvernement est aujourd’hui de rechercher les moyens pour enfin mettre en œuvre le principe de l’encellulement individuel des détenus », assure M. Urvoas. Mais pour le ministre de la justice, « ce qui compte, ce n’est pas tant la taille de la cellule, que le nombre d’heures qu’y passent les détenus. Le débat est celui du temps passé en dehors des cellules, c’est-à-dire le temps des activités que peuvent pratiquer les détenus. »

Construire de nouvelles prisons

« Dans le projet de loi de finances 2017, je devrais pouvoir disposer de crédits afin de rénover une douzaine de structures existantes et de construire plus d’une quinzaine de nouvelles, ce qui représentera 1 700 places supplémentaires », annonce le garde des sceaux, selon qui « le besoin en maisons d’arrêt se situe entre 9 480 et 14 600 cellules individuelles, selon les hypothèses de croissance du nombre de détenus ». Soit « un programme immobilier compris entre 1 et 2,5 milliards d’euros. »

Vers une loi de programmation

« Nous devons nous engager sur la voie d’une loi de programmation qui permettrait de s’émanciper des contraintes annuelles », estime le garde des sceaux, en plaidant pour « des établissements de plus petite taille qui permettent de maintenir des liens familiaux et de préparer la réinsertion ».

Le débat sur les détenus radicalisés

« Je suis convaincu que la piste d’établissements spécialisés et réservés aux détenus radicalisés est sans issue », assure le ministre de la justice. Sur les « unités dédiées » à des détenus radicalisés en revanche, le garde des sceaux estime qu’il « est encore trop tôt pour porter un jugement définitif sur les moyens engagés pour enclencher une « déradicalisation ».

Le débat sécuritaire

« L’expression « Etat de droit » est utilisée par tous, mais ne semble pas bien comprise par chacun », juge M. Urvoas. « Il y a des monstruosités proférées par des responsables publics qui, pourtant, savent l’inanité de leur démarche. C’est notamment le cas de l’incarcération à titre préventif de personnes suspectées ».