Lors du sommet des Nations unies sur la crise migratoire, le 19 septembre à New York. | Christopher Furlong / AFP

Protéger les droits fondamentaux de tous les migrants, accroître le soutien aux pays d’accueil débordés et promouvoir l’éducation des enfants réfugiés. Tels sont les engagements pris par les 193 pays membres de Nations unies, lundi 19 septembre, à l’issue d’un sommet de l’organisation pour tenter d’améliorer le sort de millions de réfugiés. Comme attendu, aucun objectif chiffré n’a été avancé.

Alors que le monde fait face à une crise sans précédent, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a appelé les dirigeants mondiaux à « combattre la xénophobie croissante » dont sont victimes les migrants. De son côté, le haut-commissaire aux Droits de l’homme, le Jordanien Zeid Raad Al-Hussein, a fermement dénoncé les « sectaires et les escrocs », qui refusent « de partager les responsabilités » en accueillant davantage de réfugiés sur leur sol.

« Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales, ce qui se passe quand la peur et la colère sont attisées par des demi-vérités et des mensonges flagrants. »

Ce dernier a rejeté la possibilité que cette réunion soit marquée par « de l’auto-congratulation et du confort ». Et de lancer en guise de rappel : « L’amère vérité est que ce sommet a été convoqué parce que nous avons échoué, que nous avons échoué à mettre fin à la guerre [en Syrie]. » Une déclaration accueillie par des applaudissements.

La Chine, « prête à assumer ses responsabilités »

Le premier ministre libanais Tammam Salam a souligné le fardeau que représente pour son pays de quatre millions d’habitants la présence de 1,5 million de réfugiés syriens. « Sans un effort massif de la communauté internationale, le Liban risque l’effondrement », a-t-il mis en garde.

Pour son homologue grec Alexis Tsipras, dont le pays a vu passer 1,2 million de migrants depuis un an, le statu quo n’est plus tenable. Ne pas régler cette crise « encouragerait les forces nationalistes et xénophobes à relever la tête pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale », a-t-il averti.

Même son de cloche pour le ministre turc des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu qui a appelé à la vigilance face à la montée de l’islamophobie en Europe de l’Ouest. Voisine de la Syrie, la Turquie accueille sur son sol 2,7 millions de personnes ayant fui les combats.

Alors que les déclarations passionnées restaient loin d’engagements concrets, le premier ministre Li Keqiang a annoncé une contribution de 100 millions de dollars (89,5 millions d’euros) pour l’aide humanitaire. La Chine « est prête à assumer ses responsabilités en fonction de ses capacités », a-t-il souligné.

Seulement 14 % de réfugiés dans les pays riches

Le texte adopté lundi par consensus n’est qu’une simple déclaration politique sans objectifs chiffrés, et surtout sans engagements précis sur l’aide. Ban Ki-moon avait suggéré que les pays accueillent chaque année 10 % du total des réfugiés, mais au fil des négociations, cet objectif a été renvoyé à 2018 au plus tôt. Les organisations humanitaires n’ont pas manqué de dénoncer une occasion manquée au terme de ce sommet.

« Les gouvernements n’ont répondu qu’à moitié. Nous ne pouvons pas l’accepter », a déploré la directrice générale de l’ONG britannique Oxfam, Winnie Byanyima. « Les pays riches doivent faire davantage pour accueillir, protéger et soutenir les réfugiés. »

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Mardi, ce sera au tour du président américain Barack Obama d’aborder la crise migratoire sous un angle plus concret. Il a invité une quarantaine de pays donateurs, qui vont promettre d’accueillir davantage de personnes, de leur offrir des possibilités d’éducation et d’emploi et d’accroître l’aide aux principaux pays d’accueil, souvent débordés.

Il y a 65 millions de personnes déplacées dans le monde, dont 21 millions de réfugiés, fuyant persécutions, pauvreté ou conflits. En deux ans, 7 000 hommes, femmes et enfants ont péri en Méditerranée en tentant de gagner l’Europe. Plus de la moitié des réfugiés vivent dans huit pays – Liban, Jordanie, Turquie, Iran, Kenya, Ethiopie, Pakistan, Ouganda – tandis que les pays les plus riches n’en accueillent que 14 %.