Le président, Pierre Nkurunziza, le 20 août dans la province de Gitega au Burundi. | EVRARD NGENDAKUMANA / REUTERS

Plus d’un an après le début de la crise politique au Burundi qui a causé la mort de plusieurs centaines de personnes, l’ONU dénonce à nouveau, mardi 20 septembre, les exactions commises par le gouvernement.

Le dernier rapport d’une mission d’enquête des Nations unies a dévoilé « des violations graves des droits de l’homme (...) commises principalement par des agents de l’Etat et ceux qui sont liés à eux », mettant en garde contre de possibles « crimes contre l’humanité » et un « grand danger de génocide ». « Ces violations graves sont systématiques et constantes, et l’impunité est omniprésente », déplore le rapport.

Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences et de nombreux cas de torture depuis que, contrairement aux dispositions constitutionnelles, le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet.

Le rapport des enquêteurs de l’ONU, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, porte sur les violations et les abus des droits de l’homme commis du 15 avril 2015 au 30 juin 2016.

Les enquêteurs indiquent ne pas pouvoir exclure que certaines de ces violations graves constituent des crimes contre l’humanité, et demandent des procédures judiciaires internationales indépendantes pour traduire les auteurs présumés en justice.

Demande d’exclusion du Conseil de l’ONU

Tandis que la crise continue et même si le niveau de violence a manifestement diminué, poursuivent-ils, « le niveau global d’oppression et de contrôle de la société a augmenté, s’illustrant notamment par la privation arbitraire de la vie, les disparitions forcées, couplées à des allégations crédibles d’existence de lieux de détention non reconnus, les cas de torture, les autres formes de mauvais traitements et les détentions arbitraires à une échelle massive ».

Le rapport appelle à un « engagement solide renouvelé de la communauté internationale », y compris des Nations unies et de l’Union africaine. Sans quoi, estiment les experts, « la spirale descendante du pays est peu susceptible d’être inversée, mettant en danger non seulement les droits des personnes concernées, mais aussi la sécurité générale de la région ».

Enfin, les enquêteurs jugent que le Conseil des droits de l’homme devrait considérer si le Burundi peut rester membre de cet organisme onusien. Depuis la création du Conseil il y a dix ans, c’est la première fois qu’une organisation de l’ONU propose d’exclure un des membres du Conseil.

De son côté, le gouvernement burundais a dénoncé par la voix du porte-parole présidentiel, Willy Nyamitwe, des conclusions « politiquement motivées », soulignant le fait qu’elles étaient « basées sur des témoignages anonymes, non vérifiés ».