Enquête dans un des plus gros abattoirs de moutons de France - sept. 2016 from L214 on Vimeo.

C’est la cinquième fois cette année que l’association L214 dévoile des images de maltraitance animale dans des abattoirs français. Après les images tournées à Alès, au Vigan (Gard), à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques) et à Pézenas (Hérault), c’est cette fois l’abattoir de moutons du Vigeant, dans le sud de la Vienne, qui est visé.

La vidéo, diffusée mardi 20 septembre et tournée le 12 septembre lors des abattages rituels de moutons de l’Aïd el-Kébir, montre des égorgements à vif de moutons, des animaux accrochés encore vivants et conscients qui continuent à se débattre une fois suspendus à la chaîne. Démontrant l’état de souffrance des animaux, ces images sont accentuées par plusieurs infractions à la réglementation. Contactée par Le Monde ce mardi, la direction de l’abattoir est restée injoignable.

« Il est temps d’avancer »

En France, la loi prévoit depuis 1964 que les animaux doivent être étourdis au moment de la saignée afin d’éviter au maximum la douleur. Cependant, une dérogation est accordée en France pour les abattages rituels qui permet d’abattre l’animal encore conscient : la viande peut ainsi être considérée comme hallal ou casher.

« L’abattage sans étourdissement est une pratique reconnue par la communauté scientifique et vétérinaire comme provoquant davantage de douleur et de stress qu’un abattage avec étourdissement, explique Brigitte Gothière, porte-parole de L214. Il est temps d’en finir avec cette pratique. »

L’association L214, qui tire son nom de l’article L214-1 du code rural qui reconnaît que les animaux sont des « êtres sensibles », se réserve la possibilité de déposer plainte, comme elle le fait systématiquement. « Aujourd’hui il est temps d’avancer et de placer les animaux au centre du débat », souligne l’association.

L’abattage rituel en débat

Ces images, qui paraissent le même jour que le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage, devraient relancer le débat sur les abattages rituels. Mais, bien que ce rapport note que la question de l’abattage rituel « suscite un débat légitime », les autorités religieuses juives et musulmanes ne sont pas favorables à une évolution.

Pour l’association L214, « abattage religieux » et « étourdissement » sont compatibles : l’étourdissement est accepté dans certains pays majoritairement musulmans comme l’Indonésie et la Jordanie. « Ce débat est compliqué en France car certaines personnes cherchent à instrumentaliser la question, explique Brigitte Gothière, mais, aujourd’hui, c’est un débat qu’il faut avoir. » L’association s’appuie notamment sur un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui avait estimé, en décembre 2013, qu’« en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement, un étourdissement devrait toujours être réalisé avant l’égorgement. »